Je
quitte la capitale du Soudan en suivant le Nil bleu qui va me mener vers
l’Ethiopie. Le désert est bel et bien
terminé, fini les superbes paysages du Sahara et les petits villages nubiens.
Au programme des 3 premiers jours de route jusque Wad Wadani: des zones
agricoles arides et des petites villes le long d’une route étroite et très
fréquentée. Le genre de section pas très intéressante où il faut rouler pour
faire du kilomètre, rester attentif aux klaxons et être prêt à sortir de la
route à tout moment pour laisser passer les camions. Heureusement la bonne humeur
et l’hospitalité soudanaise sont toujours là.
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Entre Khartoum et Wad Madani - Et la poussière, c'est cadeau! |
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Aux aires de repos, pas de chips ni de mars, mais des cacahuètes et des galettes de sésame |
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Une épicerie de village |
Puis, je quitte le Nil et bifurque vers l’Est en direction de la frontière
Ethiopienne. Les paysages changent, je traverse de grands espaces de savane
sauvages où il est agréable de rouler. Cependant, Il commence à faire
sérieusement chaud. Plus de 40°c à l’ombre, et bien au-dessus des 50°c au
soleil. Mais l’ombre par ici, il y en a pas
beaucoup, alors je ne loupe pas une occasion de m’arrêter dans les petites « cafetérias »
de bord de route ou dans les villages.
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Le covoiturage version soudanaise |
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Les petits villages que je vois en bord de route |
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Un des "arrêts cafeéeria" |
Encore
quelques jours dans la savane sous cette chaleur accablante et j'aperçois les
premières collines à l’horizon, c’est l’Ethiopie…
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Gedaref - la dernière grande ville avant l'Ethiopie |
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Premières collines à l'horizon! |
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Gallabat - village frontière coté soudanais – J’arrive à l’heure du repas, "fuul" partagé avec les douaniers et les agents de l’immigration, comme pour me rappeler une dernière fois l’hospitalité Soudanaise. |
Je
quitte le Soudan que j’ai beaucoup aimé pour passer en Ethiopie. En général les
villes frontières ne sont pas très attrayantes. Metema, le
village frontière côté Ethiopien est particulièrement glauque. Un
alignement de bars, discos et bordels dans des gargotes en taule où les
soudanais viennent se débaucher. Je
change mon argent et je le passe rapidement pour découvrir ce nouveau pays.
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Premiers kilomètres en Ethiopie |
Je
commence l’ascension vers la fraîcheur,
à chaque coup de pédale l’air devient plus respirable. Je retrouve le
plaisir de rouler en montagne, de me laisser aller en roue libre dans les
descentes en regardant les chouettes paysages. D’autant plus que la circulation est
quasi nulle. Très peu d'éthiopiens roulent en voiture, seuls quelques
camions et minibus utilisent la route.
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Et ça monte, et ça monte... |
Cependant
j’ai bien du mal à apprécier ces paysages. Mes journées sont rythmées par le son
des enfants qui crient sur mon passage « you you you you, give me
money ». Je l’entends des centaines et des centaines de fois par jour le long des routes et dans les petits villages. On me demande de l’argent, des stylos, des
vêtements, mes gourdes, mes chaussures,
mon vélo, même des bouteilles d’eau vides.
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Entre la frontière et Gondar |
Si d'un côté ces demandes permanentes et le fait de considérer "le blanc" comme une mine d'or providentielle me parait ridicule voir irrespectueux, d'un autre côté je peux le comprendre tellement la pauvreté est marquée dans les campagnes . Il est courant de voir des
gens sans chaussures ou vêtu d’une simple couverture. Et au vu du gabarit des
agriculteurs, il semble que même manger à sa faim tous les jours ne soit pas
courant.
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Et quand chaussures il y a, c'est souvent ces sandales en plastiques vertes fluo |
En dehors des villes, le choix dans les mini épiceries est très restreint : riz, pates, mais, quelques produits de toilettes, des tomates, des oignons, pas de conserves, pas de fruits. Chaque arrêt pour acheter à manger, se fait sous le regard d’une vingtaine de spectateurs
qui ont les yeux rivés sur mon portefeuille.
Je suis clairement l’attraction, le « farenji » (l'étranger). Je
m’arrête parfois prendre de l'eau ou boire le thé très sucré qui est servi un peu partout. Une fois
l’attroupement dispersé et les demandes d'argent refusées, les échanges avec les gens sont plutôt sympas, la joie
de vivre africaine est bien là.
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7h du Matin et c'est déjà l'affluence au puits |
Encore quelques bonnes suées et j’arrive sur le haut plateau à plus de 2000 mètres d’altitude. Fini
la chaleur, la température est parfaite. J’ai même droit à ma rincée quotidienne en fin de journée. Et c’est sous
la grêle que j’arrive à Gondar. Petite ville touristique en raison du château
qui la surplombe et du Parc National Simien tout proche. J’y prends un peu de
repos pour visiter et me préparer à ce passage en Ethiopie qui s’annonce
difficile. C’est intéressant d’observer la vie bouillonnante de cette ville
Ethiopienne.
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Gondar - un chateau fort en Ethiopie, qui l'eu cru? |
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Les petits stands de thé et café qui sont partout en Ethiopie |
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Les rues de Gondar |
Je
continue vers le sud. J’en ai déjà eu un bon aperçu : le pays est
surpeuplé, et 75% de la population vit dans les campagnes. Il n’y a aucun
espace sauvage, tout est cultivé, habité, exploité. Les gens sont partout, dans
les champs, sur la voie, les maisons se
suivent le long de la route, elles sont perchées sur les collines ou au milieu des quelques touffes
d’arbres que je vois dans le paysage. Il est donc très difficile de camper sans
devoir attendre la tombée de la nuit et dans ce cas il faut partir dès le lever
du soleil.
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Quand je vous dit qu'il y a du monde le long des route... |
Même
s’arrêter au bord de la route pour manger tranquillement est difficile. En quelques secondes à peine je
suis repéré et des dizaines de gamins déboulent en courant de nul part pour me
demander de l’argent, de la nourriture, ma cuillère, mon bol…
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Pour la pause casse croute, c'est loupé... |
Je
comprends vite que je dois changer mes habitudes et privilégier le « voyage
à vélo de luxe ». Je m’arrête manger dans les petits restaurants, c’est l’occasion
de goûter toutes les variantes de « l’injera »,
le plat national, pour moins d’un euro. C’est d’ailleurs souvent le seul plat
disponible. L'option B, c'est "pasta be dabbo" en français : spaghetti avec du pain servi avec une sauce épicée. Il n'y a pas d'option C... J’y rencontre souvent des gens sympas qui parlent un peu anglais.
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« L’injera » une sorte de crêpe géante fermentée sur laquelle on dispose, légumes,ou autre...le piment n'est jamais très loin |
Et
autant que possible je planifie mes journées pour dormir dans des petits
« hôtels » de village pour moins de deux euros. Des hébergements
basiques, souvent sans eau courante et avec des coupures d’électricité fréquentes.
Les
journées sont difficiles, physiquement mais surtout psychologiquement. Dans les
campagnes, si le contact avec les adultes est correct, les sollicitations permanentes des enfants
sont exaspérantes. Le souci c’est qu’à vélo, je passe la majorité de mon temps
dans les campagnes. Et des enfants ici, il y en a beaucoup. Chaque traversée de
village se fait suivi d’un cortège d’une dizaine d’enfants qui me courent après
avec un concert de « money, money, money ». Si je passe à l’heure de
sortie de l’école, c’est par une trentaine d’enfants que je suis suivi
(j’ai compté !). En montée, Ils me suivent parfois pendant plusieurs
kilomètres, et ça devient un exercice de concentration. J’essaie de le prendre de
façon positive, je garde le sourire, je salue, mais ça n’empêche pas les jets de pierres (3 fois par jours en moyenne) ou parfois quelques tirages de sacoches.
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Dès le début du village le cortège se forme |
Quelques
jours de vélo plus tard, j’arrive à Bahir Dar, tout au sud du lac Tana, ce lac en
forme de cœur célèbre pour sa photo vu du ciel. La
ville est plutôt sympa avec ses avenues bordées de palmiers. J'y reste deux jours pendant lesquels je passe la majorité de mon temps au stade pour assister aux "All Ethiopian games". Une compétition nationale d'athlétisme qui à lieu chaque année. J'assiste aux épreuves de 10000 mètres, 100 mètres et lancer du poids. J'y rencontre aussi Dong, un cyclo chinois qui se dirige aussi vers le Sud de L'Afrique
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Stade de bahir Dar - Cérémonie d'ouverture |
Je fais le dernier bout de route en direction de Addis Ababa avec Dong. On est toujours autant autant sollicité, en plus des "give me money" c'est à des centaines de « Farenji, where are you go ? » (toujours avec cette faute d'anglais récurrente) qu'on doit répondre. Mais à deux on le supporte mieux, on en rigole même. On s'habitue aussi à être le "Farenji" (l'étranger), le blanc, celui qui a de l'argent. Ainsi qu'au fait que chacun de nos gestes soit observé, comme un si un singe passait dans la ville.
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Village de Jiga - on s'arrête juste 2 minutes pour acheter une chambre à air... |
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Les travaux agricoles qu'on voit en bord de route |
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Une des pauses quotidiennes pour le délicieux jus ou plutôt crème d'avocat/mangue, le top du top! |
On
fait le yoyo sur les superbes hauts plateaux éthiopiens en observant la vie à la
campagne qui semble être la même depuis toujours. Les gens vont chercher l’eau
à la rivière, ou au puits, chercher du
bois, travaillent la terre sans aide mécanique, et vivent dans des maisons de
bois et de paille.
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A grands coups de fouet |
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Les Highlands : les hauts plateaux éthiopiens |
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Aux alentours de Debre Markos - Matinée avec un cycliste local qui nous fait goûter le "tecla", une boisson local à base de graines et d'herbes. J'ai pas pu le finir, je ne sais pas ce qu'il y a dedans, mais je vous garanti que c'est pas du cacolac! |
Derniers jours de vélo pour arriver à Addis Ababa, la capitale nichée au centre du Pays. Dong y rejoint ses amis chinois en banlieue, moi je me dirige vers le centre ville. J'y suis depuis deux jours et je vais y rester encore quelques temps afin d'obtenir le visa pour le Kenya et planifier l'itinéraire à venir.
A bientôt.
Ouah, merveilleux, ça donne envie même avec les jets de pierre et les demandes de money. Et comme tu as eu l'occas de voir, peut-être, un futur Champion Olympique du 10 000 mètres (Les Ethiopiens, c'est le top) je t'envie vraiment. Quant au Soudan que l'on présente comme un Pays en guerre en Occident, on peut se rendre compte qu'il n'y a pas que des guerriers dans cette contrée. J'ai apprécié l'Am Sud mais là j'adore. Merci Loïc et @+
RépondreSupprimerToujours de belles photos montrant les détails (boutique, marchés, alimentation) qui font le bonheur de te suivre.
RépondreSupprimerBernard Colson - Cyclo-Camping Inetrantional -
Cyclo Camping International et non inetrantional (mes doigts ont ripé !)
RépondreSupprimerToujours autant de plaisir à te lire...On comprend mieux pourquoi les éthiopiens sont si forts en course à pied s'ils courent toujours après les farenji à vélo.
RépondreSupprimerNous attendons avec impatience tes nouvelles aventures.
Beau périple avec des paysages vraiment magnifiques avec certes des passages plus compliqués. Notamment la chaleur, la poussière et les jets de pierre qui viennent sans doute ternir le tableau.
RépondreSupprimerVoilà, j'ai lu tout le blog et je vous rattrape enfin ! Je suis très admiratif !
RépondreSupprimerQuelle aventure ! J'espère qu'un livre suivra avec encore beaucoup plus de détails.
Les photos sont superbes, pleines de détails qui donnent vraiment l'impression d'y être.
Je suis ravie de voir, malgré les nouvelles alarmantes provenant de nombreuses régions du globe, qu'il est possible de voyager en sécurité (malgré les jets de pierre !) en Afrique et en Orient. je suis admirative, car comment arriver à pédaler (je connais l'Ethiopie) sur des pistes, des routes très moyennes et très poussièreuses, en altitude, en montée... Quel courage. Je voyage et prends beaucoup de plaisir à découvrir ce blog.
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