Le
visa soudanais orne la page 6 de mon passeport tout neuf. Il ne me reste que quelques jours à attendre à Aswan, tout au
Sud de L’Egypte, avant de prendre le bateau hebdomadaire pour Wadi Halfa au
Soudan. Cette traversée du Lac Nasser est le le seul moyen, hormis l’avion,
pour y entrer depuis l’Egypte.
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Le souq d’Aswan |
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Aswan – Dernier repas Egyptien avec Ayla, une soudanaise qui vit en Belgique et qui m’a beaucoup aidé dans mes démarches |
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Sortie d’Aswan, direction le barrage de High dam |
Un
ferry de plus, une formalité vous me direz. Sauf que ce ferry là, c’est une
aventure à lui tout seul! Je m’en rends compte dès mon arrivée au port. Le
parking est rempli de gens, de cartons, ballots, sacs et valises en tout genre.
Il y a des files dans tous les sens dans la désorganisation la plus
totale, ça se bouscule, ça pousse, ça
balance les cartons par-dessus les grilles. Je regarde ça de loin, ça me fais bien rire au début, beaucoup moins quand je suis pris dans « la mêlée ». Taxe de sortie,
taxe pour le vélo, immigration, contrôle de sécurité, timbre, contrôle des
billets… j’enchaine les files d’attente ou ça joue des coudes pour chaque
centimètre.
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Barrage de High Dam – arrivée sur le parking du port le jour de l’embarquement. On est pas prêt de partir... |
4
heures plus tard, j’embarque enfin, je mets le vélo à l’arrière du bateau avant
qu’il ne se fasse ensevelir sous les paquets, et je vais délimiter mon
territoire sur le pont pour les 18 heures de traversée. Puis, j’assiste au
spectacle, du bateau qui se remplit anarchiquement.
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Le vélo (à l'arrière)pas encore noyé sous les cartons |
Sur
le bateau, une poignée de touristes, mais la majorité des passagers sont
Soudanais, des « traders » comme ils se nomment eux-mêmes. Ils
achètent des marchandises en Egypte pour les revendre au Soudan. D’où cette
quantité impressionnante de…tout et n’importe quoi, de la machine à laver aux
couches pour bébés en passant par des lots de sandales en cuir.
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Le bateau pas encore plein comme un œuf |
Chaque
centimètre carré est occupé, même les canots de sauvetages sont remplis à ras
bord, on lève l’ancre, cap vers le Soudan. On est serré comme des sardines,
chaque déplacement est un exercice de contorsionniste, du coup, on sympathise
vite et l’ambiance sur le pont est plutôt bonne enfant.
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Les rives du lac Nasser - Lac artificiel alimenté par le Nil de 500Km de long pour un superficie de plus de 6000Km² |
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Mon mètre carré pendant la traversée qui dure finalement 25 heures |
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Vue depuis le bateau sur les temples de Rames 2 à Abu Simbel. Déplacés pierre par pierre dans les années 70 pour ne pas être noyés |
Après
un débarquement aussi bordelique que l'embarquement, je pose le pied au
Soudan. Je vais bien, le vélo aussi. Au village de Wadi Halfa, les pouces en
l’air et les "welcome to Soudan" fusent, les gens sont souriants et
sympathiques, je me sens tout de suite à l’aise.
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Soudan - première vu sur le village de Wadi Halfa |
Reste
une dernière formalité : l’enregistrement auprès de la police. Mais il est
15 heures et le poste de police est fermé. « Reviens demain » me dit
on. « Ok, à quelle heure ? », «le matin», « oui, mai à
quelle heure ? », « le matin », « A 8h? 9h? 10? »,
« demain matin… ». Il va falloir que je m’habitue aux horaires
africains.
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Le village de Wadi halfa |
J’ai
donc un premier aperçu du Soudan à Wadi Halfla. Tranquille village au milieu du
désert, maisons de terre séchée, pas d’eau courante. Il y règne une atmosphère
paisible, ici, j’ai l’impression que tout fonctionne au ralenti, 40 minutes
d’attente à la boulangerie dans un silence total, les hommes figés au salon de
thé, et les rues de sables sont quasi vides.
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Boulangerie de Wadi halfa - directement du four au consommateur |
Cet
enregistrement au bureau de police n’est pas non plus une simple formalité.
Après 3 heures de va et vient entre 9 bureaux différents et quelques billets en
moins, j’ai ce petit autocollant tamponné par le capitaine dans mon passeport.
Mes sacoches sont pleines de nourriture, en route vers le Sud !
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C'est parti pour 900 kilomètres de sable jusque Karthoum |
C’est
le désert certes, mais les paysages sont vraiment sympas. Il ne fait pas encore
trop chaud et mon ami le vent (de dos) est toujours là. Le même qui me pousse
depuis Le Caire. Il me permet faire de longues distances sans trop appuyer sur
les pédales et aussi, quand il souffle assez fort, de chasser ces milliers de moucherons qui
m’assaillent à chaque arrêt. Ces nuées d’insectes sont parfois insupportables, Ils rentrent dans les
oreilles, le nez, se collent sur les yeux.
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Entre Wadi Halfa et Dongola |
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La protection ultime anti moucheron! Je savais que j'avais bien fait de prendre mes lunettes de piscine |
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Calme parfait, ciel étoilé, les meilleures nuits du monde ne se passent pas au Hilton mais dans le désert du Sahara |
La
route longe le Nil de plus ou moins loin. C’est la ligne de vie dans le désert.
Sur ses rives se trouvent de magnifiques villages nubiens. J’y suis toujours
très bien accueilli, sans passer pour une bête de foire, de grands sourires,
des saluts. Même les enfants, qui
d’ordinaire sont toujours très excités au passage d’un étranger, sont
adorables. Je suis souvent invité à partager le « Fuul », une sorte de purée de fèves qui
se mange avec du pain à la main.
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Village de Akasha |
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Une des variantes du "Fuul" - le plat national qui se mange en général au petit déjeuner |
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Village de Abri |
Je continue mon chemin vers le Sud. Si les nuits restent fraîches dans le désert, en journée le soleil commence à cogner dur. Heureusement, le long du Nil l'eau n'est jamais loin. De grosses jarres en terre cuite gardent l'eau bien au frais. C'est l'eau du Nil, elle n'est pas souvent transparente, mais est sensé être potable. Les locaux la boivent, et j'en bois aussi sans problème.
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Le plein d'eau dans un des arrêt de bus en bord de route |
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Il y en a partout, mais eux refusent de remplir mes gourdes |
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La rue principale de la petite ville de Dongola |
Cette hospitalité formidable se poursuit. On m'invite à boire le Thé, on me fait signe de venir manger, on m'offre des dattes, parfois on me propose de rester passer la nuit. Rouler par ici est très agréable. De plus, les gens parlent quelques mots d'anglais ce qui facilite la communication. Mais surtout, les soudanais, quelque soit leur âge, ont une joie de vivre communicative.
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Avec Tahib (et ses amis) qui m'a hébergé spontanément dans son épicerie au village de Debba |
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Entre Dongola et Kharthoum |
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Un autre coucher de soleil dans le désert... |
Peu à peu le sable laisse apparaître quelques arbustres et même un peu de vert. Le sahara se termine, j'approche de la capitale. Il est temps car je commence à regarder plus les bornes kilométriques que les paysages.
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Khartoum, c'est tout droit! |
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4 oranges achetées, un sachet de dattes offert! Merci. |
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Des pastèques (au premier plan) qui poussent dans le désert! |
Mon arrivée à Khartoum est synonyme de fin du désert mais aussi retrouvailles avec les bouchons et la pollution. Cette capitale de 5 millions d'habitants se trouve où les deux Nils se rencontrent, le Nil blanc qui prend sa source dans le Lac Victoria (Ouguanda/Tanzanie) et le Nil Bleu qui vient des montagnes d'Ethiopie. Le Nil et les quelques grattes ciel permettent de s'orienter facilement, mais trouver un adresse précise est difficile, pas de noms de rue, ou si il y en a, les habitants ne les connaissent pas, pas non plus de numéros sur les maisons.
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Arrivée à Khartoum - même à vélo on se faufile pas toujours partout |
Je suis à Khartoum depuis 2 jours: formalités de visa à l'ambassade d'Ethiopie, un peu de repos, encore du Fuul (je m'en lasse pas) et un petit tour en vélo pour découvrir cette ville où les buildings de verre contrastent avec les rues poussiéreuses.
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Un des marchés de Omdurman (banlieue de Khartoum) |
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Mes guides à cheval vers la cérémonie Sufi, sans eux je serais encore en train de chercher |
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Omdurman - Impressionnante cérémonie de danses sufi |
Demain, je remonte sur le vélo pour continuer mon chemin vers l'Ethiopie.
A bientôt
Yeah l'ami, heureusement que t'es tout seul dans ta tente, car ça doit envoyer du lourd avec ces bonnes dattes… (te rappelle tu du fou rire dans une épicerie iranienne…?). Tu nous impressionnes toujours autant, WAAAOUOUOUHHH! Bonne route, sois prudent, on pense bien à toi!!!!
RépondreSupprimerGuau! Fabuloso tu recorrido, Loic. Pero qué aguante! 25 hrs de Ferr???
RépondreSupprimerSalut Loïc, je tombe sur ton blog par "hasard" (jamais tout à fait par hasard...) ; c'est pas souvent que je trouve une aventure cycliste soudanaise à lire sur le web. Super !!!! Merci pour ce dépaysement, ton texte et tes photos sont chouettes, j'irai te lire régulièrement. A+ !
RépondreSupprimerOn te suit ! Contents de constater l'accueil que tu as reçu au Soudan. On aime toujours autant te lire et apprendre grâce à toi beaucoup de la culture des différents pays traversés.Bonne route et sommes impatients de connaître la suite de ton périple africain.
RépondreSupprimerDom et Renaud
Comme quoi le Soudan, ce n'est pas toujours ce qu'on raconte à la télé. Un vrai plaisir ce billet, entre Nil et désert. En tout cas, bien rassuré sur ton sort dans cette partie africaine, on voudrait même en découvrir un peu plus. L'Ethiopie s'annonce et nous sommes déjà impatients de découvrir cette nouvelle étape. @+ le Saulnois. Patrice
RépondreSupprimerBonjour Loic,
RépondreSupprimerToujours un très grand plaisir de vous suivre à travers le monde. On attend vos billets avec impatience. Les photos sont de plus en plus belles !
En ce moment ma soeur, mon beau frère et vos parents sont en crosière. Je pense qu'ils vont parler de vous. Je suis une ancienne saulnoise.
J'aimerais vous rencontrer si vous passez par le 74 à votre retour en France.
Au plaisir de vous lire