jeudi 19 septembre 2013

De San Pedro de Atacama (Chili) à Salta (Argentine)

San Pedro est situé au Nord du Chili à 2500 mètres d’altitude au milieu du Désert de Atacama.  Cette petite ville de 8000 habitants à peine vit surtout grâce au tourisme. En effet les paysages extraordinaires du désert en attirent beaucoup. Moi j’y suis descendu pour faire tamponner mon passeport, le poste d’immigration chilien se trouvant ici. Le fait de devoir remonter  les 50 kilomètres jusqu’au col à 4650 mètres par lequel je suis arrivé de Bolivie ne m’enchante pas trop, mais bon maintenant que je suis là, autant en profiter…

San Pedro de Atacama

Désert de Atacama - "valle de la muerte"

Je passe 3 jours vraiment agréables à San Perdo : je profite de l’ambiance paisible et agréable du village, les gens se déplacent beaucoup à vélo, le soleil et la chaleur sont présents, les épiceries sont plus fournies qu’en Bolivie et il y a même une boulangerie française avec du vrai bon pain (merci Jules et Arthur !), bref, une oasis dans le désert !

San Pedro de Atacama

A l’auberge ou je réside avec Kurt, il y a deux autres cyclos, Niguel qui vient d’Australie qui pédale depuis 2 ans, ainsi que Lukas, l’allemand qui se dirige vers la Patagonie. J’y rencontre aussi Marine et Hugo  qui se baladent autour du monde avec leur sac à dos avec qui je m’essaye au surf sur le sable des dunes du désert d’Atacama.

C'est pas si facile que ça en a l'air...
Le temps est venu de continuer, c’est avec Kurt et Lukas que je refais tamponner mon passeport, pour sortir du Chili cette fois,  direction Salta en Argentine. Mais pour ça il faut traverser la Cordillère des Andes d’Ouest en Est. Alors on remplit nos sacoches, fait des réserves d’eau et achète la dernière baguette avant un moment, le prochain village est à plus de 300 kilomètres...

Départ de San Pédro - Km 1  on est encore en T shirt! -  Lukas, Loic, Kurt 
...50 kilomètres plus tard en haut du col

Entre San Pedro et Salta - les Vicunas
On retrouve nos amis les vicunas, ces lamas sauvages qui vivent à haute altitude. C’est d’ailleurs à peu près les seuls êtres vivants qu’on va voir durant quelques jours. Cette route est peu fréquentée, seuls quelques camions et bus y passent. Un chauffeur routier nous racontera que certains de ses collègues sont restés bloqués 17 jours ici lors des dernières chutes de neige. Heureusement, le soleil est avec nous.

Un col à 4800 mètres
Entre San Pedro et Salta - une des lagunes qu'on voit par la haut

Atelier cuisine de camping avec Lukas (non Lolo et Gaelle, on fait pas mijoter la sauce pendant 30 minutes;)
On traverse les salars, contourne les lagunes, grimpe les cols et on arrive au poste frontière argentin perdu au milieu de ces montagnes. Même si les nuits sont toujours aussi froides, je ne me lasse pas des paysages de cette région.

Passo Jama

Passo Jama - les premières images de l'Argentine

Village de Susques - le premier depuis plus de 300 kilomètres

Sur la route, on retrouve notre ami Niguel, avec qui on fait un bout de chemin. Les paysages de haute altitude commencent à nous être familier. 

Salar de " Salinas Grande" - Niguel, Lukas, Loic, Kurt
Entre San Pedro et Salta

Premier coucher de soleil en Argentine

Les jours s'enchaînent, l’altitude baisse doucement, pour finalement arriver au dernier col. Une fois au sommet, il n’y a plus qu’à se laisser descendre  (pendant 120 kilomètres, youhou !) pour retrouver la civilisation, la chaleur et notre souffle ! 

Vue du haut du dernier col -  Ou comment passer de 4170 mètres à 1500 mètres d'altitude

Les montagnes colorées des alentours de Purmamarca 
Village de Purmamarca
On traverse les premiers villages, c’est la découverte d’un nouveau pays qui pour moi n’est pas très dépaysant. Si les paysages de la région sont superbes, les ressemblances avec l’Europe sont nombreuses. Les effets des dernières semaines passées en altitude se font sentir,  on survole la route qui mène à Salta.


Entre San Pedro et Salta
A Salta, c’est Eugénia qui m’accueille, elle vit avec sa famille pas très loin du centre. Elle me fait découvrir sa ville à l'architecture coloniale bien conservée. Je bois mon premier "mate" (le thé façon argentine), je me fais des tartines de « dulce de Leche » au petit déjeuner, je m’élargis l’estomac avec ces steaks géants à côté desquels les hamburgers des Etats Unis font pâle figure.


Eugenia - merci à toi et à ta famille pour l'accueil
Salta - agglomération d'environ 1 millon d'habitants tout au Nord de l'argentine
Chorizo del bife! bienvenue en Argentine!
Je suis tellement bien accueilli par sa famille que j’y reste quelques jours de plus que prévu. Eugénia et sa famille tiennent à ce que je vois une procession religieuse très importante qui a lieu ce dimanche. Des groupes de pèlerins viennent des quatre coins du pays, le centre ville est bloqué par cette marée humaine, c'est assez impressionnant.


Salta

A bientôt

vendredi 6 septembre 2013

De Potosi (Bolivie) à San Pedro de Atacama (Chili)

Je reprends la route, toujours avec Kurt, pour les derniers kilomètres en Bolivie qui vont nous mener au Chili. C’est un passage du voyage que j’attends beaucoup en raison des paysages exceptionnels qu'offre le Sud Ouest de la Bolivie. Première étape : Uyuni. La route qui y mène est une très bonne surprise : fraîchement revêtue depuis 2012, la circulation y est quasi nulle et les paysages sont vraiment chouettes : des canyons, des montagnes multicolores, et des grands espaces...

Entre Potosi et Uyuni


Entre Potosi et Uyuni- village de Choquilla

Entre Potosi et Uyuni

C'est assez désertique et montagneux, on y voit plus de lamas que d'habitants, seuls quelques hameaux nous permettent de nous ravitailler sans soucis et chaque soir on trouve des endroits de bivouacs superbes.  On profite de ces dernières centaines de kilomètres d’asphalte car on sait que la suite sera plus difficile.

Entre Potosi et Uyuni

Entre Potosi et Uyuni

Entre Potosi et Uyuni

3 jours plus tard, on arrive à Uyuni, bien connue pour son salar. Petite ville d’environ 15000 habitants perdue au milieu de nul part. Les rues sont poussiéreuses, aucun bâtiment n’est terminé, il y a une petite place centrale  dans un meilleur état avec quelques pizzerias et des dizaines d’agences de voyage qui proposent des tours sur le salar.

Uyuni

Uyuni - cimetière des trains

Marché de Uyuni

Uyuni est pour nous la dernière opportunité de faire les courses et de prendre un jour de repos avant d’attaquer un "gros morceau" : la traversée du désert du Sud Lipez.

12 jours de riz/pâtes/purée/lentilles/flocons d'avoine, de quoi tenir jusqu'au Chili

Uyuni

Uyuni - encore un défilé...

Pour arriver au désert du Sud Lipez, il nous faut traverser le salar d’Uyuni. C’est le plus grand désert de sel du monde avec une superficie de plus de 10 000 km² soit (150 km sur 100 km). Pédaler dans cette immensité de blanc procure une grande sensation de liberté, plus de route à suivre, plus de vigilance  vis-à-vis de la circulation, on se repère simplement  avec les volcans et heureusement que les quelques traces de 4x4 nous remettent parfois sur le droit chemin. C’est parfaitement plat, mais le vent constant et les nuits glaciales peuvent rendre ces instants beaucoup moins agréables.

 
Entrée du Salar de Uyuni

Ilsa Incahuasi au milieu du Salar de Uyuni et ses cactus géants dont certains font de plus de 9 mètres

Salar de Uyuni

Une fois le salar passé, nous voilà dans ce fameux désert du sud Lipez. Il est réputé pour ses lagunes, ses flamands roses, ses volcans, ses geysers et autres  paysages incroyables mais aussi pour ses pistes très difficiles, ses températures qui donnent la chair de poule et son vent infernal.


Désert du Sud Lipez - c'est parti...

Le volcan Ollagüe (5869m), notre point de repère pendant les premiers jours
Ce vent infernal, on fait rapidement connaissance avec lui, il vient souvent du Sud et nous fait presque reculer tellement il souffle fort. Il soulève le sable, nous en met plein les yeux, et on se rend compte qu’il vaut mieux bivouaquer bien à l’abri. Dès les premiers kilomètres, on se retrouve pris dans une tempête de sable, histoire de nous faire comprendre que traverser ce désert ne sera pas du gâteau.

Désert du Sud Lipez -  la tempête de sable se prépare...

Désert du Sud Lipez

Désert du Sud Lipez

On a bien pris soin de collecter les informations des cyclos qui sont précédemment passés par là: cartes détaillées, points d’eau, bifurcations, endroits de bivouac protégés du vent, etc… (dont le fichier PDF très bien fait « cycling south west Bolivia ») mais malgré cela, il est très facile de s’y perdre. On en fait l’expérience dès le premier jour. Les pistes partent dans tous les sens, les croisements sont partout et rapidement  on commence à se demander si on est sur la bonne piste. On se débrouille avec la boussole, s'oriente par rapport aux volcans, aussi parfois on a l'occasion de demander notre chemin aux 4x4 des tours organisés, mais pour cela, il faut être sur la bonne piste…

Désert du Sud Lipez - A droite? A gauche? toujours le même dilemme...
Désert du Sud Lipez - vue sur le salar de Chiguana
Désert du Sud Lipez - tempête de neige en haut d'un col à 4700 mètre d'altitude, on fait pas les malins...

On continue notre chemin sur les pistes de ce désert. Ce sont les plus difficiles que j’ai connu jusqu’à présent. Du Sable qui nous oblige parfois à pousser le vélo, de la tôle ondulée pour nous secouer comme des pruniers, des cailloux pour tester notre habilité à slalomer, de la boue pour nous en mettre plein la figure et de la neige pour nous faire glisser... on a le droit à tout et ça transforme parfois les journées en exercice d'endurance ! Le tout cumulé au vent, mon compteur affiche rarement plus de  10 km/h.

Désert du Sud Lipez -  on a pas fini de pousser...
Désert du Sud Lipez - Laguna Hedionda (4150m)
Désert du Sud Lipez

Pour compléter le tableau, dès que le soleil se couche, les températures descendent largement en dessous de zéro. Chaque nuit je mets une couche de plus en espérant avoir plus chaud que la veille: 4 paires de chaussettes, 2 shorts, 2 pantalons, 3 T Shirts, 1 T shirt à manches longues, 2 vestes polaires, 1 coupe vent, 1 veste gore tex, bonnet, gants, 2 sacs de couchages et la couverture supplémentaire que j'ai acheté spécialement pour cette partie. Malgré tout ça combiné, je passe les nuits à grelotter sous la tente. Pour ne pas aider, c'est le moment que la fermeture éclair de ma tente a choisi pour cesser de fonctionner.  

Bivouac à 4600 mètres d'altitude,  réveil à moins 13°c sous la tente, je rigole mais j'ai pas dormi de la nuit!

Désert du Sud Lipez - Arbol de piedras forgé par le vent et le sable (4600m)

Désert du Sud Lipez - les eaux rouges de la laguna colorada (4300m)

Pourquoi passer par ce désert si les conditions sont si difficiles? Je pense que les photos parlent d'elles mêmes: les  paysages sont exceptionnels, après chaque col on découvre des lagunes de couleurs incroyables, des flamands plus roses que jamais, des décors lunaires, des volcans enneigés, des geysers, des eaux thermales, des vacunas (lamas sauvages), etc... Bref un concentré de ce que la nature peut offrir de plus joli.

Une des dizaines de lagunes du désert du Sud Lipez

Désert du Sud Lipez - les pistes sableuses en tôle ondulée 

Désert du Sud Lipez - les eaux thermales de la laguna Chalvari (4400m) le top après une journée de vélo!

On suit cette chaîne de montagnes et de volcans qui nous mènent vers le Sud. Plus on monte en altitude, plus les paysages deviennent impressionnants. La piste devient aussi plus praticable, le chemin est aussi plus facile à trouver, on a aussi l'occasion de passer 2 nuits dans des "refugios" (refuges). Ça nous permet dormir au "chaud " (moins 2°c dans le dortoir) et de récupérer un peu.


Désert du Sud Lipez - passage du col de Sol de Manana (5027 mètres d'altitude)

Désert du Sud Lipez - les Geysers de Sol de Manana  (4900m d'altitde)

Laguna verde (4350m) au pied du volcan Licancabur (5916m) qui fait frontière avec le Chili

Après 10 jours dans ce magnifique désert, la frontière chiliènne est toute proche. Il est temps d'y arriver, on commence à rêver de fruits frais, de légumes, de pain... On parle souvent entre nous du premier repas après le désert. Le dernier col est en vue, le vent semble ne pas vouloir nous laisser partir, on lutte pour arriver au sommet car on ne veut passer une nuit de plus à geler sous la tente.


Le poste frontière Bolivien (4650m)
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On toque au minuscule poste frontière bolivien, les deux agents qui vivent ici isolés, nous tamponnent notre passeport, nous font la photo souvenir et nous indiquent le chemin pour le Chili.

Nous y voila!

Après 11 jours de pistes, les retrouvailles avec l'asphalte!

Du coté chilien, pas de service de l’immigration à la frontière, il faut se rendre à San Pedro de Atacama, un peu (beaucoup) plus bas. On se laisse descendre pendant 50 kilomètres, on passe de 4650 mètres à 2500 mètres d'altitude jusqu'à ce village au milieu du désert pour faire tamponner notre passeport, retrouver notre souffle et surtout de la chaleur. J'y suis depuis quelques jours, j'en parlerais la prochaine fois...
A bientôt.