Kasama est une
toute petite ville au Nord de la Zambie, ou plutôt un croisement de route avec
quelques commerces et habitations. J’aime bien prendre des jours de repos dans
ce genre de ville milieu de nulle part aux allures de village. Tout le monde
m’a vu arriver en vélo,et pendant les trois jours que j’y passe, le contact se
fait facilement. Les gens sont curieux, me questionnent sur mon voyage et
l’anglais aidant, je fais rapidement copain copain avec les gens de la guest
house dans laquelle je réside, du cyber café, ou du bar dans lequel je regarde
les matchs de la coupe du monde.
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La rue principale
de Kasama |
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Sitembile avec
qui je vais regarder les matchs de foot au bar du coin. Il me disait « Tu
verras, la France ne passera pas les ¼ de final » il avait raison... |
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Kasama – comme
l’indique le panneau, la Zambie est loin d’être surpeuplée |
Bien reposé je
reprends la route vers Lusaka, la capitale du pays. Au programme : 850
kilomètres de grandes lignes droites dans la brousse entre la voie ferrée et la
ligne électrique. C’est relativement plat et sérieusement monotone. 8 jours pendant lesquels il
ne se passe pas grand-chose. Je regarde défiler les kilomètres sur mon compteur,
je pense à autre chose, je chante, je roule, bref j’avance…
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Les routes zambiennes c’est souvent ça |
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La façade d’une
boutique du village de Mpika |
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Un marché de
village |
Si la circulation
se résume à quelques bus et camions. Il y a souvent de petits hameaux qui ne
sont pas sur ma carte. Et comme souvent en Afrique, ça marche le long de la
route, ça fait du vélo, je ne suis donc pas souvent seul sur la route. Chaque
personne que je croise me salue avec un grand sourire, les pouces se dressent
en l’air, devant les maisons un peu en retrait dans la brousse les bras
s’agitent «How are you ? » « safe journey sir ! ». Les
zambiens ont le contact facile et me donnent le sourire sur ces routes qui feraient
faire la grimace à tout cyclo-voyageur.
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Les maisons que
je vois en bord de route |
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Ugali au Kenya et
Tanzanie, Posho en Uganda, Sadza au Zimbabwe, ici en Zambie la polenta s’appelle le Nshima |
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Ville de Kabwe |
Dans la rubrique,
« En Afrique, tout se répare, tout se bricole, tout est bon pour
économiser ou se faire de l’argent » ici on trouve aussi :
le ballon de foot fait de sachet plastique et de chambre à air, les
journaux des jours/mois/années antérieures qui se vendent d’occasion page par
page,mais réparer les crevaisons avec de la ficelle, là chapeau, j’y aurais pas
pensé…
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Et ça marche…j’y
penserais quand je n’aurais plus de rustines |
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Charbon, pommes
de terre, balais, miel… voila un extrait de ce qui se vend devant chaque maison
le long de la route en Zambie |
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Bivouac dans la
brousse – j’apprends en lisant mon ''journal d’occasion'' que le gouvernement Kenyan
vient de légaliser la polygamie il y a plus de deux mois |
Je continue ma
route, les paysages ne sont pas transcendants, mais la vie quotidienne est
facile, les zambiens sont vraiment sympas, je glane quelques fruits et légumes
par ci par là, en bord de route, devant les maisons ou dans les petits marchés.
Les épiceries de villages proposent bien plus de produits que ce que j’ai connu
dernièrement. Il y a des supermarchés dans les villes. La brousse offre des
lieux de bivouac faciles et bien cachés, il y a des puits dans chaque hameaux,
des rivières propres et désertes pour faire plongette.
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Le plein de
tomate en bord de route |
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Vue de la tente le matin au reveil |
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Lusaka en
vue ! enfin ! |
J’ai décidement pas
de chance avec les capitales africaines, à peine arrivé à Lusaka, alors que je
suis dans une rue calme, je me fais rentrer dedans par une voiture. (oui, ça
fait 2 fois en moins de 2 mois!). Rien de cassé cette fois, juste un vol plané
et quelques bleus. Le conducteur s’arrête, me demande si ça va et repars
aussitôt. Je me rends compte que c’est ma roue arrière qui a amortit le choc,
elle est tellement voilée qu’elle ne passe même plus dans le cadre. Un détail matériel
vous me direz, mais en Afrique, même si il y a beaucoup de vélos, trouver des pièces
de qualité n’est pas chose facile.
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Lusaka - Le meilleur
magasin de vélo de la ville, c’est pas
gagné… |
Alors que je
m’attendais à passer des jours à essayer de trouver une solution pour réparer
cette roue. Je passe par hasard devant l’usine de montage de "Buffalo Bicycles" qui construit des vélos costauds, conçus pour transporter des charges lourdes. Ce n'est pas un magasin de vélo mais je
vais leur demander ou je peux trouver une jante de qualité correcte et surtout
où je peux faire remonter ma roue dans les règles de l’art. « On peut
faire ça ici » me disent-ils. Finalement tout est réglé en une demi-journée.
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Lusaka – une
grande ville sans charme particulier |
Je passe quelques
jours de repos à Lusaka. Quand je quitte
la ville je ne sais pas trop ou je vais. 50 kilomètres plus loin, il y a un
croisement. A droite : au plus court vers le Cap en passant par le Botswana (plat avec
encore de longues lignes droites dans la brousse, et une fois en Afrique du
Sud, des champs à perte de vu) ou à gauche vers le Zimbabwe (plus long, encore
de la brousse mais avec des paysages plus intéressants une fois en Afrique du
Sud). J’hésite jusqu’au dernier moment, je m’assois, je regarde la carte que je
connais déjà par cœur, je prends à gauche…
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Au Sud du Fleuve
Zambeze - Frontière de Chirundu |
A la frontière,
l’officier de l’immigration me met en garde «It’s a gamepark, there are lions,
elephants and a lots of animals, be carefull ! ». Une réserve avec des
lions? Je pensais que la route passait entre deux parcs nationaux, (Mana Pools)
mais en regardant de plus prêt sur ma carte, en effet elle traverse bien la
réserve de Hurungwe.
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Les baboabs de la
Reserve de Hurungwe |
Il n’est que 10
heures du matin, j’ai le temps de traverser la réserve dans la journée. Je prépare ma combinaison anti mouches tsétsé (il y en a aussi dans la
réserve) car j’ai plus de chance de me faire piquer que de tomber sur un lion.
D’ailleurs, vu le traffic de camion qu’il y a sur cette route principale, j’ai
peu d’espoir d’apercevoir le moindre animal. Mais après seulement 15
kilomètres, c’est pas pas un, pas deux, pas trois mais un troupeau d’une
dizaine d’éléphants qui traverse la route juste devant moi.
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Reserve de
Hurungwe - « Oh Put%$* !!! »(A voix haute) – c’est ma réaction
en les voyant débouler de la brousse |
Finalement je ne
verrais que deux mouches tsétsé, mais toute la journée, j’ai droit à un véritable "cyclosafari".
Des antilopes, des phacochères, d'autres éléphants, des singes, des impalas et même un
léopard ! oui oui, pas un chat, pas une hyène, un léopard ! Ça court
vite, mais ça se reconnait facilement. Il courrait après une bestiole dans la
brousse à quelques mètres de la route seulement J’ai été impressionné sur le coup, ensuite plutôt effrayé, il était temps de sortir de cette réserve.
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Reserve de
Hurungwe - les biches locales – Vous
aussi vous avez peur des lions ? |
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Reserve de
Hurungwe- Vue du Zambezi escarpement – la petite hutte c’est la « sation
de contrôle » anti mouches tsétsé |
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Les petits singes
que je vois un peu partout dans le pays |
Une fois sorti de
la réserve, c’est beaucoup moins fun, de la brousse à perte de vue, tantôt
plat, tantôt vallonnée, mais souvent monotone. Au Zimbabwe, hormis quelques
rares fermes, pas de maisons en bord de route, pas de hameaux c’est uniquement
de la brousse, fini les saluts et les sourires de la Zambie, entre les villes
c’est plutôt désert.
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Désert, pas complètement, il y a des camions et mieux
vaut sortir de la route pour les laisser passer |
Les jours passent
et se ressemblent : Karoi, Chinhoyi, Chegutu, Kadoma, Kwekwe… une ville tous
les 80 kilomètres environ. Je passe mes journées à rouler dans la brousse, la tête dans le guidon pour faire du
kilomètre. J’atteins la ville quotidienne en fin journée. Là j’ai quelques
contacts sympas avec les locaux, puis je
sors de la ville avant le coucher du soleil pour bivouaquer dans la brousse.
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Eh ben ! 60000
Kilomètres à vélo, si un jour on m’aurait dit ça, je l’aurais pas cru !
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Ville de Karoi
– D’ailleurs Christina (T shirt orange)
ne me croit pas quand je lui dit que je
viens de France à vélo |
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Camping municipal
« la brousse » - Installez vous où vous voulez… |
Les images que j’ai
connu ces derniers mois s’estompent peu à peu. Dans les campagnes plus personne
ne marche le long de la route, plus personne ne transporte des sacs de
charbon sur leur vélo, les femmes ne portent plus de paniers sur leur tête.
Dans les villes, les supermarchés et les fast food ont pris la place des
gargottes de rue et des petits marchés. Je ne prends plus l’eau au puits mais
au robinet des stations-services. J’ai l’impression que l’Afrique est déjà
derrière moi.
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Ville de Chinhoyi |
Je suis maintenant
à Gweru, en plein milieu du Zimbabwe, Encore quelques jours de brousse pour
arriver en Afrique du Sud.
A Bientôt.