jeudi 13 février 2014

De Cairo (Egypte) à Aswan (Egypte)

31 heures après avoir décollé de Buenos Aires, j’atterris à l’aéroport du Caire. Étonnamment, je me sens en forme, alors j’évite les négociations avec les chauffeurs de taxi qui me proposent leurs services, je remonte le vélo sous les regards curieux et étonnés, puis je m’engage vers le centre. C’est l’occasion de me dégourdir les jambes et d’avoir un premier aperçu de l’Egypte.


Arrivée au Caire
Les innombrables petits cafés ou ça fume la chicha entre hommes
Le Caire
On est Vendredi (comparable au dimanche dans les pays musulmans), la circulation n’est pas aussi folle que ce à quoi je m’attendais et même si ce n’est pas une balade de santé, je rejoins le centre-ville sans problème. Aujourd’hui, c’est la veille de l’anniversaire de la révolution. Pour l’occasion, la sécurité a été plus que renforcée  et le calme ambiant est plutôt bizarre dans cette ville connue pour être bouillonnante.

Devant mon hôtel -  Y a tellement d'armes à feu que je me croirais presque en sécurité tiens!
Le centre-ville est barré par du barbelé et des véhicules blindés. Des policiers et des hommes armés sont à tous les coins de rue, des hélicoptères  survolent la ville, voila pour l'ambiance. En ce 25 janvier, jour de l’anniversaire de la révolution, de nombreux appels à manifester ont été lancés. Les partisans de l’ancien président manifestent, ceux qui supportent le nouveau gouvernement aussi, l’ambiance est électrique et la police essaie de disperser les manifestants à coup de flash ball et de gaz Lacrymogènes. Mon hôtel se trouve à 500 mètres à peine de la place Tahir, le point de convergence des manifestants, je suis donc aux premières loges.  Ma seule sortie de la journée pour aller acheter à manger est plutôt animée ! Je me retrouve pris dans un mouvement de foule, obligé de courir pour échapper aux tirs de flashball de la police, je rentre à l’hôtel avec les yeux qui piquent.

Le Caire - manifestations du 25 janvier 2014
Le lendemain, la vie reprend normalement. J’ai quelques détails matériels à régler avant de reprendre la route. Notamment, allez chercher un colis qui contient du matériel de camping au bureau de poste. On m’envoie balader d’un endroit à un autre, ça prend 2 jours. Mes nombreux aller-venus dans la ville entre les différents bureaux et le service de douanes me permettent de découvrir cette ville fascinante.  Du monde partout, ça crie, ça klaxonne, une bonne dose de déchets et de poussière, des souks ou on peut trouver tout et n’importe quoi, des petites cafeterias ou l'on sert le thé sur le trottoir, un balai continu et anarchique de voitures, minibus, motos, charrettes etc… bref c’est un joyeux bordel, dépaysement garanti.

Le Caire

Tout est prêt ! Je peux enfin reprendre la route. Direction le sud et Aswan (La seule porte de sortie de L'Egypte vers le Soudan). Cependant, la veille de quitter la ville j’apprends que la moyenne Egypte est interdite aux étrangers. Cette région qui va du Sud du Caire, jusqu’au Nord de Qena dans la vallée du Nil ne peut être traversée par les touristes uniquement sous convoi policier (à la charge du voyageur). Pour un voyageur indépendant , cela signifie que je serais forcer de dormir à l’hôtel et que je devrais payer les frais des policiers qui m'escortent. Moi qui comptais passer par la vallée du Nil, c’est loupé. Il me faut donc faire le détour par le désert. Soit à l’Est par les côtes de la mer rouge, soit à l’Ouest par la route des Oasis qui a l’air superbe mais bien plus longue.


Les pyramides de Giza (à l’ouest du Caire) - Vous voyez les gens à gauche, ils sont tout petit hein?
Après une rapide visite des impressionnantes pyramides de Giza, je m’engage sur la route qui longe le Nil, mais dès le premier point de contrôle (il y en a partout en Egypte), on me dit que je dois être escorté. La zone « interdite »  commence 100 kilomètres plus au Sud, j’explique aux policiers que  je vais ensuite bifurquer vers les côtes de la mer rouge, mais c’est peine perdue. L’idée de rouler sous escorte ne me plait pas beaucoup. Alors tant pis pour les pyramides que se trouvent plus au Sud, je fais demi-tour, je retraverse le Caire par le périphérique pour aller vers la mer rouge.

La vallée du Nil, j'en aurais pas vu beaucoup
Le périphérique du Caire, ou comment gagner quelques années d'avance sur son cancer du poumon

Sortie de la circulation infernale du Caire, c'est le désert, 160 kilomètres de rien jusqu’à la mer rouge. J’apprécie ces grands espaces après les dernières semaines passées en ville. Cette traversée du Désert de l’Est est plutôt sympa, le Sahara offre des paysages superbes qui changent souvent.

Désert du Sahara - Entre le Caire et Ain Sukuna
Désert du Sahara - Entre le Caire et Ain Sukuna - quelques dizaines de kilomètres plus loin...
Entre le Caire et Ain Sukuna - même désert, paysages différents...
Les côtes de la mer rouge sont plutôt jolies, avec le désert qui plonge dans les eaux turquoises. C’est là que je commence la descente vers le sud pour plusieurs centaines de kilomètres. Cependant, le paysage est gâché par endroit par les raffineries, les stations off-shore et les usines de ciment. Aussi les hôtels, resort, spa et autres projets immobiliers pour touristes étrangers colonisent les côtes. D’autant plus que la majorité des bâtiments sont en construction ou abandonnés.

A gauche la mer Rouge et les hôtels,  à droite les tas de gravats et les déchets issus de ces mêmes hôtels

Puis les stations balnéaires laissent place au désert. Je longe de loin la mer Rouge mais c’est du sable que j’ai devant moi, beaucoup de sable ! Et qu’est ce qu’on fait dans le désert ? On fait du vélo évidemment! Le petit jeu consiste à rejoindre la prochaine station-service une cinquantaine de kilomètres plus loin. La, j’ai droit à un « welcome to egypt », un thé et un peu d’ombre. 

Dernière ligne droite avant Hurghada
Une des rencontres "station service" - leur prochain voyage, il le feront à vélo (leur voiture est HS)
Désert = superbe endroit de bivouac tout les soirs!
J’avale rapidement ces longues lignes droites grâce à un fort vent de dos. Au bout se trouve  Hurghada. Une ville qui se divise en deux parties : la ville « égyptienne » et la station balnéaire où tout est aménagé pour les touristes Russes. Les enseignes et les menus des restaurants sont en cyrillique, les épiceries proposent des produits importés et les vendeurs de papyrus, bibelots et autres rabatteurs s’adressent à moi en russe. Rien de très typique donc. Je n’apprécie pas particulièrement ce genre de « disneyland » pour touristes. Je m’y arrête car Mila, une Ukrainienne que j’avais croisé au Caire, m’a invité. Je suis très bien accueilli dans l’appartement ou elle vit la moitié de l’année. Je rencontre beaucoup de ses amis, ça me change les idées après ces jours de désert.

Hurghada - Merci Mila et Ian pour votre accueil
L'endroit est réputé pour la plongée sous marine. Ce passage à Hurghada est aussi pour moi l’occasion de mettre le nez dans la mer Rouge un peu plus longtemps que pour me laver. C’est fou le nombre et la diversité de poissons qu’on peut voir à quelques mètres du bord seulement, juste avec de simples lunettes de piscine. Magnifique !

Retour vers la vallée du Nil - dernier regard sur la mer Rouge

Je dois ensuite retraverser le désert de l’Est pour rejoindre la vallée du Nil. Il est 15h quand j’arrive au croisement. Je me fais arrêter au point de contrôle : « no pass, this road is very dark » me disent les policiers. La nuit va tomber dans 3 heures, et ils ne veulent pas me laisser passer avant demain matin. Mon arabe n’est pas meilleur que leur anglais mais on arrive à se comprendre, alors je négocie, ou plutôt j’essaie. Il est inconcevable pour eux de  me laisser camper dans le désert, je n'ai pas la permission de dormir au point de contrôle  et je n’ai pas envie de retourner à Safaga, la station balnéaire voisine, dans un hôtel ou il veulent me conduire. La discussion dure une heure, entrecoupée de plusieurs coups de téléphone au chef. Finalement, ils ne savent pas trop quoi faire de moi, alors ils me laissent passer.

Le désert du Sahara  - Entre Bur Safaga et Quena 
Désert du Sahara - entre Bur Safaga et Qena
Désert du Sahara - entre Bur Safaga et Qena
Je rejoins la vallée du Nil au niveau de Qena. Il reste 10 kilomètres jusqu’à la ville et au point de contrôle , rebelote… « this car with you » me dit on. Pas d’autres options cette fois, j’ai droit à une escorte rapprochée avec les sirènes pour traverser la ville. La police m’amène jusqu’au prochain point de contrôle où l’on m’impose une autre escorte, jusque Louxor cette fois. J'essaie de  négocier à nouveau, toujours en gardant le sourire, mais sans succès. Mes échanges avec les policiers sont assez détendus. Il sont assez curieux du vélo et du matériel , même si l'idée de voyager de cette manière est difficile à concevoir pour eux.

La vallée du Nil entre Qena et Louxor - Enfin de la vie et de la verdure!
Après quelques kilomètres, sans raison, la voiture de police qui me précède me fait signe et s’en va. Je retrouve la liberté ! C’est le premier vrai contact avec la population égyptienne hors zones touristiques et c’est assez mitigé. Je reçois des pouces en l’air, les sourires des enfants, des « welcome to Egypt » et je dois répondre à tant de saluts que j’ai rarement les deux mains sur le guidon. Mais je reçois aussi quelques jet de pierres, j'entends quelques «give me money». Aussi ces 4 ados sur une moto qui jouent la provocation sur plusieurs kilomètres. Ils tirent à plusieurs reprise sur le sachet plastique accroché à mes sacoches (c’est la poubelle !), me demandent de l’argent  de manière assez agressive et finissent par mettre un coup de pied dans le guidon pour me faire tomber du vélo en roulant avant de s’enfuir.

La vallée du Nil entre Qena et Louxor - canne à Sucre, tomates, oranges, etc... tout pousse par ici!

Je m'arrête une journée à Louxor. La ville regorge de temples, tombes de différentes dynasties de pharaons et autres sites historiques, etc... . Je me contente d'une visite aux Temples de Louxor et de Karnak.  Encore une fois, ces édifices hors normes sont vraiment impressionnants.


Le Souk de Louxor
Quelques unes des 134 colonnes de 22 mètres de haut de la salle Hypostyle des tempes de Karnak
Y a du bon pain à Louxor 
Je continue le long du Nil jusque Aswan, tantôt rive Est, tantôt rive Ouest. Une chose et sûre, je ne passe pas inaperçu. Les provocations des ados se reproduisent, j'apprends à les ignorer. Les paysages sont superbes: Le Nil, bordé de palmiers, entouré par les colines du désert.Les travaux agricoles se pratiquent encore sans aide mécanique. Je croise de nombreuses charrettes tirés par des ânes et je traverse des villages ou la vie semble être la même depuis toujours. La grande majorité des gens, y compris les enfants compris, portent les Jilbabab et Djellaba, les habits traditionnels, ce qui n’enlève rien au coté typique.

La route secondaire coté Ouest du Nil
Entre Louxor et Aswan
Entre Louxor et Aswan
L'arrivée à Aswan marque la fin mon passage en Egypte. Il n'est possible de passer au Soudan que par bateau. Le prochain part ce dimanche. J'ai donc quelques jours devant moi pour obtenir le visa soudanais, profiter encore un peu des plats égyptiens et de la magnifique vue sur le Nil.


La corniche d'Aswan

A bientôt

3 commentaires:

  1. Wow! No sientes miedo a veces, Loic? Buenas fotos!

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  2. Assez intéressant ce début de voyage en Afrique et on sent bien, à ton récit, que l'Egypte est un peu "extraordinaire" dans tous les sens du terme. En tout cas, ça change complétement de l'Am Sud et ça nous promet de belles images et de beaux récits. Attention quand même à la traversée du Soudan, ne prends pas trop de risques !!. Bonne route et à bientôt.

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  3. Ah! superbes ces paysages de l'Egypte, cela nous rappelle de bons souvenirs. C'est un si beau pays, dommage que la situation politique soit ce qu'elle est.
    bon voyage à travers le continent africain
    Dom et Renaud

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