vendredi 26 avril 2013

De Pereira (Colombie) à Quito (Equateur)

Nouveaux pneus, nouvelle chaîne, nouveaux plateaux, nouvelle casette, nouvelles roues…c’est avec un vélo presque tout neuf que je reprends la route vers le Sud. Mais aussi avec des jambes toutes neuves, les antibiotiques ont fait effet, elles ont bien dégonflées, cette infection n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Entre Pereira et Cali
Une fois descendu des hauteurs de Pereira, je roule dans une grande vallée, les montagnes de chaque côté et des champs de canne à sucre au milieu. C’est plutôt plat sans être monotone. J'y vois quelques cyclistes, notamment Ramon avec qui je roule une journée. Il est vraiment sympa, m’invite à manger au restaurant, on discute beaucoup et sans m’en rendre compte j’arrive à Cali bien plus tôt que ce que je pensais.

Ramon – il a pas loin de la cinquantaine, mais il m’a fait transpirer !

En entrant dans Cali, je repense à ce que beaucoup de monde m’avait dit à propos de Medellin : une ville magnifique selon certains, la meilleure ville du monde selon d’autres.  J’y avais passé deux jours et j’avais pas vraiment compris pourquoi. Mais quand j’arrive à Cali, je comprends pourquoi…

Cali – à première vue c’est plutôt moche

J’y retrouve Mayeli et Camillo que j’avais rencontré à Medellin justement. Mayeli est étudiante en journalisme et participe ponctuellement à un journal local qui se nomme « El Pueblo ». Elle m’avait proposé de faire une interview au sujet de ce voyage lors de mon passage à Cali. Sa famille et ses amis m'offrent un accueil chaleureux. Je passe quelques jours avec eux, ça me permet de voir Cali sous un angle diffèrent et d’en avoir une meilleure image. Je tente d’améliorer mon espagnol en accompagnant Mayeli à un cours/débat à son Université. Aussi, elle m’emmène avec ses amis dans un des nombreux bars de salsa de la ville. La danse et le monde de nuit c’est pas du tout mon truc, mais c’est vraiment intéressant de voir ça. (j’ai quand même essayé, je crois bien que c’est sans espoir !)




Cali est connue comme la capitale mondiale de la salsa.

Cali - Camillo et Mayeli – quiche aux poireaux et tarte aux pommes – la cuisine française a du succès en Colombie


Mayeli et sa famille vivent dans un des nouveaux quartiers de la ville : des unités comme ça s’appelle ici. Des pâtés de maison complétement  sécurisés : murés, barricadés, grillages électrifiés, barbelés, gardien à l’entrée, agent de sécurité qui fait des rondes à vélo dans le pâté de maison… Ça fait un moment que je suis en Amérique latine et j’avais noté ces détails, mais le fait de le vivre de l’intérieur me le fait encore plus remarquer .
Cali -  une rue de la ville, c'est rien a coté des unités ultra sécuritées
Alors que je m’apprête à quitter Cali, je reçois un mail de Tanel. Vous vous souvenez? On avait roulé ensemble pendant 3 mois et traversé toute la Chine ensemble. Il vient d’arriver à Cali. C’est donc avec lui que je continue ma route vers l’Equateur.
 

Départ de Cali - Muchas Gracias a toda la familia por su hospitalidad
Terminé le plat, c’est des montagnes, qu’on a  devant nous, on monte, on descend, on passe du short et T shirt dans les vallées, à doudoune et goutte au nez sur les sommets. Cette fois la pluie ne nous épargne pas, on essuie des averses quotidiennes et on enchaîne les bivouacs sous la pluie. 
Entre Cali et Pasto - certains bus qu'on peut voir dans le sud du pays

Entre Cali et Popayan - on commence à prendre de la hauteur

Popayan - surnommée la ville blanche, avec son centre colonial
Entre Popayan et Pasto les Vallées se creusent, les dénivelés augmentent et les paysages deviennent grandioses. Pour la première fois en Colombie, on traverse de longues zones sauvages, sans les échoppes et habitations qui s’enchainent habituellement le long de la panaméricaine. 
Les montagnes de la "Cordillera Central" en Colombie, ou comment faire le yoyo entre 700 à 3500 mètres d'altitude

Entre Popayan et Pasto - Les quelques petites villes qu'on peut voir sur le chemin

Et ça monte, et ça monte...

On ne fait qu'un bref passage à Pasto mais la ville me donne bonne impression. Ici comme dans tout le pays, l'athmosphère est toujours aussi bonne. Les "pouces en l’air", les saluts et les encouragements sont toujours aussi nombreux. A chacun de nos arrêts, les gens viennent vers nous pour nous questionner sur notre voyage.
Pasto - située au pied du volcan Galeras à 2 500 mètres d’altitude

Pasto - 450 000 habitants - dernière grande ville avant la frontière

De l'autre coté de la Montagne, l'Equateur
  
Le passage en Equateur se fait sans soucis. On dit au revoir au pesos Colombien pour retrouver une monnaie qu’on connait bien  : Le dollar Américain. Il est d'ailleurs aussi utilisé dans d’autres pays d’Amérique latine (El Salvador, Panama).


Au revoir la Colombie, Bonjour l'Equateur

Entre la frontière et Quito - retour du soleil?

Le village de San Gabriel

Peu de différences avec la Colombie, les villes et villages que l’on traverse sont semblables, le riz/poulet/haricot est toujours le plat le plus courant et les boulangeries (panaderia) ne vendent que de la brioche (j'avoue que j’ai du mal à m’y faire). Cependant les visages ont changés, notament aux alentours des villes de Otavala et Cayambe ou les habitants sont plus typés indigènes.

Entre la frontière et Quito

Le milieu du Monde - Passage dans l'hémisphère Sud

Les ruelles du Village de Christobal Colon

Après 10 jours de route, on arrive à Quito, capitale  de près de deux millions d'habitants. On fournit les quelques efforts supplémentaires pour se hisser entre les volcans à 2850 mètres d'altitude, là ou se loge la ville. On se faufile entre les bouchons, traverse les quartiers Nord de la ville par les grandes avenues bordées de centres commerciaux, fast food et autres buildings modernes pour arriver dans le centre colonial historique, ou l'on prend quelques jours de repos.
Arrivée à Quito

Quito - Centre colonial historique

Quito - Centre colonial historique

 A bientôt.

lundi 8 avril 2013

De Cartagena (Colombie) à Pereira (Colombie)

Je quitte Cartagena qui se trouve tout au Nord du pays, direction le Sud. En deux tours de pédales, je sors de la partie historique et touristique de la ville. D’un coup, je suis en Colombie, la vraie Colombie. J’en prends plein la figure : du monde, du bruit, des couleurs, de la circulation, de la poussière, ça vit, ça grouille.





Sortie de Cartagena


Cette agitation ne dure que le temps de sortir de la ville, je retrouve rapidement le calme de la campagne et les paysages ruraux. Les traversées de villages sont toujours des moments que j’apprécie, et d'autant plus en Colombie. Il y a du monde dans les rues, de la musique dans les maisons et les petits commerces, les façades sont colorées et je reçois de nombreux saluts et encouragements.






Les façades colorées des maisons

Entre Cartagena et Medellin


Entre Cartagena et Medellin

Aujourd’hui, c’est jour de football. L’équipe nationale joue contre la Bolivie en match éliminatoire de la coupe du monde 2014 qui aura lieu au Brésil. Toute la journée, je sens un enthousiasme presque palpable. Enormément de gens portent le maillot jaune, les drapeaux sont de sortie devant les maisons, les bars ont installé les écrans géants et décoré leurs terrasses aux couleurs du pays. Il est 15h quand j’arrive à la petite ville de Sincelejo, c‘est le coup d’envoi. Je m’arrête pour regarder le match dans un des bars de la ville. Pas que je sois un fan inconditionnel de football, mais je suis plutôt curieux de voir l’ambiance. C’est très festif, tous les bars et restaurants sont bondés, ça danse, ça chante, ça crie. On croirait une finale.


Sincelejo


Défilé de motos dans les rues après la victoire de la Colombie 5 à 0


Je continue dans des zones agricoles, les chevaux et les ânes sont encore beaucoup utilisés pour se déplacer et transporter le lait ce qui donne un côté plutôt dépaysant. C’est plat et les barbelés le long de la route rendent les endroits de bivouacs difficiles à trouver. Cependant, j’apprécie ces dernières centaines de kilomètres de plat et de chaleur avant plusieurs milliers de kilomètres dans la cordillère des Andes.




Entre Cartagena et Medellin

Entre Cartagena et Medellin
Procession de Semana Santa dans les rue de Caucasia
Les jours passent et les montagnes se rapprochent. Comme pour dire  au revoir aux moustiques, je traverse une zone au climat et à la végétation très tropicale. Pendant plusieurs dizaines de kilomètres, la jungle tombe littéralement sur la route et l’eau coule partout sous forme de cascades, ruisseau, rivières pour se jeter dans le fleuve Cauca qui va me guider vers les montagnes des Andes.
Le fleuve Cauca


Puerto Valdivia - passage du fleuve Cauca
Puerto Valdivia - début des montagnes

Pas d’apéritif, ni d’entrée, c’est directement le plat principal ! Enfin plat c’est pas vraiment le mot ! 70 kilomètres de montée continue pour se hisser en haut du premier col qui culmine à 2800 mètres. A cette altitude, je retrouve de la fraîcheur et un temps plus automnal. Aussi, les paysages changent, fini les palmiers, bananiers et autres cocotiers, c’est désormais des montagnes couvertes de prairies qui m’entourent.


Entre Cartagena et Medellin - mais ça pourrait être aussi dans les Ardennes

De nombreuses fermes artisanales produisent diverses spécialités laitières et les vendent directement aux particuliers. J’en passe des dizaines sans m’arrêter. La ville de Medellin est toute proche et mes jambes qui ne sont plus habituées à la montagne et me demandent un peu de repos. Cependant, je me sens presque « coupable » de ne pas essayer ce « pan de queso » (pain au fromage) , spécialité de la région. Finalement, je m’arrête au village de Santa Rosa pour enfin  le déguster. Ce n’est pas mauvais, ça change un peu des  pains sucrés façon brioche qui sont la norme en Colombie. Mais j’ai surtout bien fait de m’y arrêter car j’y rencontre un groupe de cyclistes avec qui je sympathise. Alonso, l'un d'eux, vit en banlieue Medellin et m’invite à passer chez lui.
Santa Rosa
  
Si le football est très populaire en Colombie, le cyclisme l’est presque autant. Malgré  les dénivelés importants, je vois beaucoup de cyclistes sur les routes. Il me semble qu’ils sont particulièrement considérés. Sur mon passage, je note un nombre  record de « pouce en l’air » et d'encouragements de toutes sortes. Des dizaines de fois par jour, venant de la part d’absolument tout le monde, de 7 à 77 ans: les enfants au bord des routes, les routiers aux stations essence, les vieillards assis devant leur maison, les militaires aux postes de contrôle… Dans cette atmosphère très amicale, je roule avec le sourire. La petite angine que je traine depuis quelques jours, les averses que j’essuie dans les montagnes et quelques rayons cassés n’y changeront rien, le plaisir de pédaler par ici reste au top. 
Entre Cartagena et Medellin

Je rejoins Alonso qui vit à Bello au Nord de Medellin. En ce moment, c’est les vacances de « semana santa », il reçoit toute sa belle-famille et son appartement est déjà très occupé Mais il insiste pour que je reste et m’offrir à dîner. On va mettre mon vélo à son lieu de travail. Surprise, il est gérant d’une salle de musculation et c’est là que je passe la nuit. On s’entend très bien et on ne manque pas de sujets de conversation.
Bello - Andre, Loic, Alonso -Muchas Gracias amigo

Le lendemain au petit matin,  j’entre dans Medellin. C'est vendredi saint, la ville est encore endormie et les rues sont vides. Sur le chemin je regarde ma carte  à un arrêt de bus. Un groupe de jeunes vient à ma rencontre et engage la discussion. Ils essayent de distraire mon attention pour essayer d’ouvrir ma sacoche de guidon, je saute sur le vélo et continue mon chemin. Malgré le très bon accueil que j’ai eu jusqu’à présent, cet "incident" me rapelle que ce n’est pas Disneyland et je dois rester vigilant.
Medellin
  
Medellin avec ses 4 millions d’habitants est la deuxième ville de Colombie. Située dans une cuvette à environ 1500 mètres d'altitude elle est surnommée  la ville de l'éternel printemps en raison de son climat agréable toute l'année. C'est l'occasion pour moi de me reposer un peu.

Medellin





La Bandejas Paisa - le plat typique colombien, du costaud!

Medellin

Je continue ma route,  les grimpettes sont toujours au rendez-vous et les paysages sont superbes. Je vois mes premières plantations de café, c'est vraiment chouette de pédaler avec un décor pareil.

Entre Medellin et Pereira


Du cafe!

Sur la route, je fais beaucoup de brèves rencontres. Parfois, les discussions se prolongent, comme cette fin d'après midi avec Johan et Mariana. Un couple de Medellin qui se rend dans la maison de campagne de famille à une centaine de kilometres plus au Sud. Ils m'invitent à passer la nuit dans cette finca (comprenez ferme) superbement rénovée avec une vue imprenable sur la vallée de la Pintada.


Mariana et Juan -  Merci à vous de m'avoir accueilli dans cet endroit exceptionnel.
Ce détour pour rejoindre la maison de campagne est l'opportunité pour moi de sortir de la route principale, goûter aux pistes caillouteuses et traverser des petits villages plus authentiques.


Entre Medellin et Pereira -  un village sur les hauteurs de la Pintada

Les plantations de cafe des alentours de Pereira

Entre Medellin et Pereira

A Pereira, je retrouve mon vieil ami Fred. Il a quitté la Belgique il y a quelques années pour s'installer en Colombie. C'est vraiment un plaisir de le revoir après tout ce temps. D'autant plus que les plats qu'il sert dans son restaurant sont délicieux. J'ai aussi la chance de déguster un plat typique chez sa belle famille.  Fred et Catalina, Un grand merci pour votre accueil et votre aide.


Pereira  - Fred - Un petit air de Belgique en Colombie

Pereira

Pereira

Depuis le début du voyage, je cumule les petites plaies sur les jambes : piqûres de moustiques, coupures diverses dans les ronces ou avec les pédales. C'est tellement courant que je n'y prête même plus attention. Ca guérit en général très bien en quelques jours. Mais depuis quelques temps ça s'infecte et ça a bien du mal à cicatriser. Je me dis que ces quelques jours à Pereira vont améliorer la situation. Mais ça empire de jour en jour, jusqu'a ce que je me retrouve avec les chevilles et les mollets  gonflés comme le bonhomme Michelin. Direction les urgences ou l'on me diagnostique une infection bactérienne. Je vous épargne les détails et les photos, c'est pas joli joli! Les antibiotiques devraient régler le problème. Demain je continue vers le Sud.

A bientôt