mercredi 19 octobre 2011

De Trabzon (Turquie) à Van (Turquie)

Un nouveau visa orne la page 5 de nos passeports, celui qui va nous permettre d'entrer en Iran. On se met en route vers le Sud et le lac de Van. Mais il y a juste un obstacle de taille : la plus haute chaîne de montagne de Turquie. 

Sur les petites routes de montagne
Ça s’appelle un Civit
Un riverain qui rentre chez lui en monte charge
Commence donc la longue ascension, des rives de la mer noire vers le premier col. Chaque voiture que l’on croise s’arrête incrédule pour nous demander d’où on vient et surtout où on va. Chaque camion nous propose de monter dans sa benne et nous fait comprendre que ça monte beaucoup. 

Avec des paysages pareil, ça serait dommage de ne pas le faire en vélo.
Il nous faut une journée complète pour arriver au premier col. On comprend mieux cet engouement lorsque l'on arrive en haut  : 70 kilomètres de montée avec sur la fin de forts pourcentage dans la crassette.


On y est presque

Au sommet, 4 turcs descendent de leur camionnette, encore plus sympas et amicaux que les autres. Vu leurs têtes, ils avaient plus qu’abusés du raki (le Ricard local).On discute un peu, notre déballage des quelques mots de turc qu'on connait les fait bien rire. Avant de partir, ils nous donnent 4 grands poissons dans un sac plastique. On se regarde étonné et on se demande ce qu’on va en faire et comment le cuisiner avec notre petit réchaud.  ils insistent, on accepte. Puis ils nous amènent la totale : un sachet de légumes, un énorme pain, du charbon de bois et mêmes la grille de barbecue. Rencontre improbable au milieu de nul part. On attaque la descente, avec les sacoches qui débordent.

Voila comment ça c'est terminé - Oui maman, je mange du poisson des fois (quand j'ai pas le choix)
On passe une bonne semaine en altitude, la goutte au nez et les levres gercées. On enchaîne les cols, dans de superbes paysages, sur des pistes peu fréquentées avec l'impression d'être seul au monde.

Entre Trabzon et Van
Ça c'est de la tartine de cyclo!
Entre Trabzon et Van - le plus haut col de cette route
Au milieu de ces montagnes se trouve la ville de Erzurum. On s'y arrête pour manger un Kebab. Et l'hospitalité turque frappe à nouveau.  Notre voisin de table insiste pour payer notre repas. Même si le prix est dérisoire, on est plutôt mal à l'aise, mais il ne nous laisse pas le choix.

Erzurum
A la sortie d'Erzurum, losqu'on demande notre chemin pour continuer vers le Sud, on nous indique une route qui mène vers une station de ski mais une fois la bas, plus de route. Pourtant le col figure sur notre carte. On demande à plusieurs personnes, et c'est bien les pistes de ski qu'il faut emprunter pour passer ce col!

Bonjour la caillasse!
Piste verte pour commencer, puis piste bleue...il commence à faire frais et la nuit va tomber. On commence à installer la tente derrière une cabane de télésiège. Un 4x4 déboule de nul part, c'est la police. Ils ne veulent pas nous laisser passer la nuit ici. C'est "dangereux" parait-il. On ne voit pas ou est le danger, mais il semble que par ici  (au Kurdistan) la crainte du PKK  est bien réelle (Parti des travailleurs du Kurdistan,  groupe armé classé comme terroriste dont tout le monde nous disait de nous méfier dans cette partie de la Turquie). Ils nous invitent à retourner sur Erzurum. Pour nous, il est hors de question de redescendre les 23 kilomètres dans les cailloux qu'on vient de monter pour les remonter demain matin, surtout qu'on voit le sommet. On négocie et parvient a un accord. Il nous laisse partir si on passe ce col ce soir pour redescendre dans l'autre vallée. Alors on se remet en route sur piste rouge cette fois! Les policers nous surveillent de loin. Finalement, on arrive au sommet juste à la nuit tombante. Le soucis, c'est que dans le noir descendre de l'autre coté dans les cailloux est bien trop dangereux. On campe au sommet.

Bivouac à 3125 mètres d'altitude - on se les caille bien! 
On continue sur ces pistes désertes. Dans les rares villages qu'on traverse, nos arrêts provoque un attroupement. On nous sourie, nous questionnent et souvent on nous invitent à boire le thé.

Entre Erzurum et Van
Village de Taskesen
Par hasard, on passe à Varto, ville d’environ 10 000 habitants, on s’y arrête pour manger au restaurant « le Paris » (ça s’invente pas !).  L’attroupement est un peu plus  important que d’habitude, et pour cause,  beaucoup parlent français, ils ont travaillés  à Paris, Marseille, Toulouse ou Nantes. On boit le thé avec eux, ça fait plaisir de pouvoir parler français. Ils nous en apprenent un peu plus sur les différents entre les Kurdes et les Turques, et sur la peur ambiante du PKK. Pourtant on s’est senti autant en sécurité dans le « Kurdisthan » que dans le reste de la Turquie. A l’exception peut-être de quelques gamins qui nous ont lancés des cailloux (comme à beaucoup de cyclovoyageurs dans cette région), et de la police qui nous a contrôlé presque tous les jours.

La rivère Murat
On se laisse guider par la rivière Murat jusqu’au lac de Van, très joli avec ses côtes sauvages et toujours les montagnes en toile de fond, dommages qu’elles soient souvent jonchées de déchets. 

Le Lac de Van
Rencontre avec  Massimiliano, un italien très sympa qui va en Australie en Moto.
Dernier bivouac avant Van avec vue sur la lac, encore dans une maison abandonnée
On est lundi matin, on se dirige vers le bureau de poste de la ville de Van ou un colis envoyé par nos parents devrait nous y attendre. "il n'est pas la" nous dit-on. "les colis venant d'Europe n'arrivent que les Jeudis". On se trouve un hôtel pas cher pour attendre jusque la.

Van
Notre chambre d’hôtel à Van -  Le bordel? mais non, pas du tout!
Van
Un soir, au Kebab du coin, on discute avec Sinan et Mougdat,  on sympatise et on va boire un thé avec eux. Leurs copains (Kadir, son frère Iskender et d’autres) les rejoignent, , on passe une bonne soirée avec cette bande de joyeux lurons.

Le genre de petit "bar à thé" qu'on trouve partout. Les bars qui servent de l'alcool sont "cachés" au 3ème étage
Le lendemain on va voir Hicriye, qui donne des  cours d’anglais dans le centre de cours particuliers ou Kadir lui est prof d’informatique. C’est agréable de pouvoir parler anglais sans mimer ou dessiner. On passe l’après-midi à boire le thé avec sa famille. En revenant vers l’hôtel, on tombe par hasard sur Iskender dans la rue. Il nous fait comprendre de venir avec lui, on passe à nouveau la soirée avec toute la bande.

Hicriye
De gauche à droite : Kadir, Loic, Bertrand, Iskender, Sinan, Mougdat - Un ENORME MERCI à vous
On est vendredi, toujours pas de colis, « il n’arrivera de toute façon pas avant jeudi prochain » nous dit on a la poste. Du coup Sinan, Mougdat, Kadir et Isenker, qui vivent déjà a 4 dans un appartement de 50m² proposent de nous héberger. Ils sont vraiment sympas, on vit avec eux, comme si on était leurs amis depuis toujours.Cette hospitalité devient presque une habitude en Turquie. On est logé et nourrit. Quand on essaie de payer  quelques chose, Il leur suffit de dire deux mots en turc pour que le serveur ou à la caissière du supermarché refuse notre argent. 

Les danses traditionnelles des mariages kurdes
Dimanche dernier, Sinan et Iskender n’ont pas hésité à nous emmener au mariage de leur sœur. Même si la barrière de la langue est présente, on est  adopté par toute la famille. Ils nous apprennent les pas de danse utilisés lors des mariages kurdes pour qu'on participe aussi à la fête. L'oncle, la tente, les cousines, les parents, tous le monde essaie de discuter avec nous, et on a pas assez de main pour accepter tous les thés qu'on nous offre.

Chouette expérience que de voir ce mariage "de l’intérieur"
A bientôt