samedi 23 août 2014

De Mbabane (Swaziland) à Port Elizabeth (Afrique du Sud)

Le Swaziland est un tout petit pays, je n’y aurais roulé seulement 2 jours, difficile donc de se faire une idée en si peu de temps. Je continue ma route en Afrique du Sud,  cap vers les montagnes du Drakensberg à quelques jours de vélo. Je me lance sur cette section de « transition » sans trop savoir à quoi m’attendre  et c’est plutôt une bonne surprise. C’est vallonnée, la route est bonne et les paysages sont chouettes.

Région du Kwazulu Natal - Entre Piet Retief et Ladysmith
Les premiers jours de route passent tranquillement, trop tranquillement peut être : pédalage, supermarché, pédalage, supermarché, répétez, répétez…  La joie de vivre et la spontanéité africaine ont disparu, les gens vivent dans leur bulle sans prêter attention à ce qui se passe autour.  

Les barbelés sont partout -  Heureusement les fermiers sont sympas, mais souvent je passe mes nuits caché entre la clôture et la route
J’ai toujours du mal à me faire à cette relation blancs/noirs très distante et aux contrastes énormes de l’Afrique du Sud. Pour que la « Rainbow Nation » (le pays arc en ciel) le soit vraiment, ça va mettre du temps. Heureusement quelques rencontres viennent égayer un peu tout ça : comme cette femme dans la ville de Vryheid qui entre dans le cyber café dans lequel je me trouve pour me donner des biscuits fait maison en me disant « On dirait que vous venez de loin  et vous avez sûrement encore du chemin à faire, vous allez en avoir besoin, j’espère que vous allez aimer ces gâteaux » puis s’en va. Ou encore le soudeur du village de Underberg chez qui je vais faire réparer mon cadre. Il est  du Zimbabwe et il y retourne une fois par mois pour voir sa famille. Quand j’arrive dans son atelier,  il me dit « Mais je t’ai vu, il y a 3 semaines au Zimbabwe, et il me montre sur son téléphone une photo de moi qu’il a prise dans une station-service. C’est le genre de petite chose qui fait que j’aime le voyage à vélo.
  
 
Région du Kwazulu natal - la petite ville de Vryheid
2 points de soudure et ça repart...
Aux alentours de Mooi River - Les montagnes se rapprochent...
Les côtes deviennent des cols, les bosses deviennent des montagnes et le goudron laisse place à la crassette. Petit à petit, j’arrive vraiment dans le Drakensberg, même si, sur le papier, j’y suis déjà depuis plusieurs jours .  Les paysages sont grandioses, pas de circulation,  pendant quelques jours j’ai l’impression d’être à nouveau dans les Andes ou l’Hymalaya.


Les montagnes du Drakensberg 
Les montagnes du Drakensberg
Les montagnes du Drakensberg 
Pour profiter encore un peu de ces montagnes, je suis tenté de faire un détour par le Lesotho tout proche. C’est dans ce petit pays enclavé que se trouvent les plus hauts sommets et les plus jolis paysages de la chaîne du Drakensberg. Ce qui me retient, ce n’est pas les mauvaises pistes, le froid ou le dénivelé, mais les « give my money » que je vais entendre au bord de la route. Ce pays étant assez pauvre, je sais que je vais y avoir droit et j’en suis lassé. J’hésite jusqu’au dernier moment, mais finalement je choisi de ne pas faire de détour et je continue direction Sud Ouest .

Les montagnes du Drakensberg 
Pour cela, j’emprunte la « Transkei road », comme souvent, les blancs que je croise me disent que c’est  dangereux.  Cette région était un état autonome juqu’en 1994, c’est plus pauvre que le reste du pays et habité uniquement par des noirs. Je ne m’y sens pas spécialement en danger, juste en Afrique. Les maisons sont éparpillées anarchiquement sur les collines s'alignent le long de la route et forment comme un énorme village en continu sur plusieurs centaines de kilomètres. Je revois des gens laver le linge dans les rivières,  marcher le long de la chaussée, faire de l’autostop,  des femmes porter des paniers sur leur tête, des villes vivantes et bordéliques, des vendeurs de rue… bref toute ces images d’Afrique que j’ai vu ces derniers mois dans les pays voisins.

Les chouettes points de vue de la "Transkei Road"
Les alentours de Umtata, près du village de naissance de Nelson Mandela
Les dernières collines de la 'Transkei road'
Je passe les dernières collines de la "Transkei road", la côte est désormais toute proche. J’arrive dans la ville de East London, sur ma droite les bidonvilles, sur ma gauche les quartiers classes,  et en face de moi, c’est l’océan indien ! Ouais L’océan indien, ça fait rêver hein ? A peine arrivé, je ne résiste pas à l’appel de la baignade pour célébrer cette « traversée du continent Africain ».  Sauf qu’ici c’est l’hiver, j’ai plus l’impression de me baigner sur la côte belge que dans les caraïbes ! aglagla

L'esplanade de East London
Je reste une petite journée à East London puis je reprends la route direction plein Ouest avec un certain enthousiasme. C’est maintenant les côtes Sud-Africaines qui vont me guidées jusqu’au Cap. Il ne devrait y avoir que du bon sur le chemin, des plages, des falaises, de chouettes vues… Mais pendant les 3 premiers jours sur la côte,  j’ai de la pluie, du vent de face et je vois plus de vaches et de barbelés que de criques.

Entre East London et Port Elisabeth - ville de Port Alfred
Entre East London et Port Elisabeth - l'océan est juste derrière la colline, mais je ne le verrais pas pendant 3 jours
Arrivée à Port Elisabeth  
Depuis 3 jours, je suis à Port Elisabeth ou P.E. comme on dit par ici. Une grosse ville de 1,5 millons d'habitants qui s'étire sur une baie de 16 kilomètres de long. Un petit tour de la ville à vélo, repos et quelques bricoles pour que le materiel (et le bonhomme!) tienne le coup jusqu'au Cap.

Port Elisabeth - Market square
Le centre ville de Port Elisabeth
Port Elisabeth
Demain, je remonte sur le vélo pour la dernière ligne droite en Afrique.
A bientôt.

dimanche 3 août 2014

De Gweru (Zimbabwe) à Mbabane (Swaziland)

Gweru est une petite ville en plein centre du Zimbabwe. Je n’y passe qu’une demi-journée pour mettre à jour ce blog puis je continue ma route vers l’Afrique du Sud.

Ville de Gweru
Il reste 400 kilomètres jusqu’à la frontière. Le Nord du Zimbabwe est couvert de brousse. Dans la partie Sud,  les longues lignes droites dans la brousse continuent, comme si les mêmes paysages défilaient sans fin.


Brousse, brousse en brousse… Runde River, en réalité c’est juste une station-service au bord de la rivière
Peu de villes, peu de villages, peu de gens  - Une des rares habitations que je vois en bord de route
La brousse, c’est ennuyeux à vélo, mais qu’est-ce que c’est  pratique pour le bivouac
Je mets le pilotage automatique et pendant quelques jours, je roule  sans avoir trop de contact avec les gens (eh ouais, y a personne !) . Pour égailler un peu tout ça, il y a les camions, ceux qui m’obligent à tendre l’oreille et à sortir de la route au moindre  bruit de moteur ou coup de klaxon. Aussi, les quelques hommes en bord de route avec qui je discute parfois. Ils agitent un papier alu au bout d’un bâton. Ça signifie qu’ils achètent de l’essence ou toutes autres marchandises aux camions en provenance d’Afrique du Sud pour les revendre localement. Ils m’expliquent de quelle manière la crise financière du début des années 2000 leur fait perdre leurs économies et la difficulté de s'en sortir avec un taux de chômage avoisinant les 70%.


Ah oui, y a les baobabs aussi, toujours aussi impressionnants - le vélo donne l’échelle
Dans la ville frontière de Beitbridge
Le Zimbabwe pour moi se termine comme ça, sur le pont qui traverse la rivière Limpopo
De l’autre côté de ce pont, derrière le grand poste frontière moderne et ultra sécurisé, c’est l’Afrique du Sud.  Changement de pays certes, mais j’ai l’impression de changer de continent. De larges routes, de grands supermarchés, de gros pick up, des fast food partout. Ca ressemble plus aux Etats Unis qu’à l’Afrique que j’ai connu ces derniers mois.


Poste frontière de Beitbridge
La frontière politique est passée, mais coté Sud-africain, les lignes droites dans la brousse sont toujours là. Les routes sont plus larges et il y a une bande d’arrêt d’urgence, mais c’est pas pour autant que je m’y  sens  en sécurité, ça sert aussi de voix de dépassement! 


5ème kilomètre en Afrique du Sud – « Zone de haute criminalité, ne vous arrêtez pas »…rassurant...

Les barbelés sont partout alors je dors ou je peux…
Derrière les grillages, quelques antilopes, mais aussi quelques singes qui traversent la route
Le long de ces routes grillagées : de luxueux lodges, des réserves privées  et quelques grandes fermes industrielles. Les jours passent, je traverse les premières villes, je m’arrête dans les villages, discute avec les gens aux stations services. Les saluts spontanés et les sourires que j’ai connu ces derniers mois ont disparu, mais le vélo est toujours cet « outil magique » qui permet de briser la glace et de créer le contact.

Après la brousse, les premières montagnes en vue...Enfin!
23 ans après la fin de l’apartheid, Je ne m’attendais pas à un Disneyland en arrivant en Afrique du Sud, mais c’est pire que je ce que je pensais. Un peu comme un échiquier, il y a de cases blanches, des cases noires. Et les échecs, c’est compliqué. En général, les blancs vivent à l’occidentale dans leurs grandes maisons ou ranchs barricadés derrière des clôtures électrifiées. Les noirs vivent dans des quartiers modestes, des bidonvilles ou des villages sans eau courante. Dans les rues,  les supermarchés et les lieux publics, des groupes de blancs, des groupes de noirs mais pas vraiment de mélange, pas de couple mixte ou de groupes de copains blancs/noirs. En quelques kilomètres seulement je passe des cases blanches aux cases noires, des plus beau quartiers ou aux plus modestes villages, le contraste est énorme.


Ville de Tzaneen
Abel Erasmus Pass
Un village dans les montagnes

Quelques journées de vélo plus loin, je sors enfin de la route principale, je grimpe, je me laisse descendre en roue libre, je vois des sapins. Après plusieurs miliers de kilomètres de brousse, j’apprécie de retrouver de la verdure et du relief. D’autant plus que la route longe le Blyde river canyon avec des points de vue magnifiques.


Blyde river Canyon
Je passe un peu de temps dans le coin, prends quelques jour de repos au Village de Graskop, je fais des petites journées de vélo pour profiter des points de vue, des cascades et autres chouettes paysages qu’offre cette région.


 Les alentours de Graskop
Petit dej au Soleil pour se réchauffer après les nuits frisquettes
Un des point de vu sur le Blyde River Canyon
Je continue mon chemin vers le Sud. En arrivant à Nelspruit, Je rencontre 3 cyclistes qui terminent leur balade du dimanche. C’est Esra, Eva et Roy. Je fais les derniers kilomètres avec eux jusqu’au centre ville et on va boire un  café tous ensemble. J’ai quelques bricoles à faire et je dois rester plusieurs jours à Nelspruit. Ils insistent pour m’aider, je suis reçu dans la superbe maison d’Esra  sur les hauteurs de la ville. Plus que de m’héberger, Esra me prend littéralement sous  son aile :  Me prend Rendez-vous chez le dentiste pour soigner cette carie qui dure depuis un moment, m’emmène partout où j’ai besoin d’aller et j’ai aussi droit aux bons petits plats cuisinés. Je suis gêné par tant de générosité.


Nelpruit - Esra, Eva,  Loic - 'n GROOT dankie Esra 
La carie est plus grave que prévue et nécessite un deuxième Rendez-vous  4 jours plus tard pour terminer le travail. Je profite de ces quelques jours pour  visiter le parc National Kruger qui se trouve juste à côté. Et encore une fois, Erza est là. Je laisse le vélo chez elle  et elle me conduit au Parc.


Kruger National Park
Kruger National Park - Vous avez vu le lion à droite? ...non, en fait y en pas...
Kruger National Park
Entre morning game walk (marche guidée du matin) , les sunset game drive (safaris du soir) et les tours  en voiture avec d’autres touristes rencontré au camp, j’ai l’occasion de voir beaucoup d’animaux : des rhinocéros, des antilopes de toutes sortes, des hippopotames, des zèbres, des girafes, des éléphants, mes amis les léopards et même des lions. Ce parc, c’est pour moi une des dernières occasions de voir certains de ces animaux en Afrique.

Kruger National Park - Mieux vaut ne pas être à vélo par ici
Kruger National Park
Kruger National Park
La dent dévitalisée, rebouchée, réparée je reprends la route, direction le Swaziland. ce petit pays enclavé entre l'Afrique du Sud et le Mozambique. Pour y arriver: quelques efforts,  beaucoup de grimpettes et un peu de piste, mais ça en vaut largement la peine, j'en prend plein les yeux.

Vue du Saddleback Pass
Et ça monte, et ça monte...
Vue du dernier col avant le Swaziland

Je passe la petite frontière reculée, me voila au Swaziland, je vais y rester quelques jours seulement. C'est un petit "retour en Afrique" avec son coté pile et face. Les sourires et la spontanéité des gens que j'apprécie tant et le fait de passer pour un porte monnaie sur roues dont je me passerai bien. Les chouettes paysages sont toujours là, c'est toujours aussi agréable de rouler par ici. Je suis maintenant à Mbabane, la capitale, ou plutôt un peu  à coté, juste pour une journée de repos avant de retourner vers l'Afrique du Sud.

A bientôt.