dimanche 17 février 2013

De Panajachel (Guatemala) à Granada (Nicaragua)

Le lac Atitlan au milieu des volcans est magnifique certes, mais pour sortir de la, c’est plutôt sportif. Les dénivelés sont très importants et je dois sérieusement appuyer sur les pédales pour quitter ce petit paradis.


Guatemala - Vue du port de Panajachel - Dernier regard sur le Lac Atitlan

Pour rejoindre la route principale, la panaméricaine, je dois empreinter des petites routes parfois des pistes, souvent en mauvais état. Les paysages sont plutôt jolis, et la circulation est quasi nulle. Cela donne un aspect encore plus agréable au parcours, jusqu’à ce que deux hommes viennent à ma rencontre. Ils ont le sourire et sont sympathiques. On discute une petite heure mais leur premiers mots étaient : "c’est dangereux pour un touriste ici,  tu pourrais te faire attaquer, il faut que tu restes sur les routes principales".
Villages du Guatemala

Sur le chemin entre Panajachel et Antigua, à San Andreas Itzapa plus précisément, sur trouve l’atelier de "Maya pédal". Cette association qui fonctionne principalement avec des bénévoles transforme de vieux vélos pour en faire des machines à laver à pédales, des vélos à mains pour personnes handicapées,  des pompes ou autres. Je suis bien curieux de voir ça. Pour y allez, il y a un raccourci par une piste. Quand je demande mon chemin, on me répond : ''c’est cette piste la, mais c’est dangereux, tu vas te faire voler, il vaut mieux que tu fasses le tour par la route principale". Je joue la sécurité et fais la boucle, mais arrivé à San Andreas Itzapa, le village n’en ai pas vraiment un, c’est même une petite ville. Je demande plusieurs fois, les gens semblent ne pas connaitre ou ne pas vouloir m’aider. Il commence à faire noir, je rejoins rapidement Antigua.
Antigua

Le Marché d'Antigua
Antigua

Je passe deux jours à Antigua qui fût l'ancienne capitale du royaume du Guatemala. Je profite des petites rues colorées, des concerts gratuits dans le parc central, mais aussi de me reposer avant de traverser les pays d’Amérique centrale réputés "dangereux". Ces histoires de cyclo et autres voyageurs se font voler ou agresser (dont certains que j’ai croisé personnellement) ainsi  les mises en garde répétées des locaux, commencent à m'inquiéter. Cependant, pour beaucoup de gens ça se passe sans problèmes en prenant les précautions nécessaires.
Antigua

Antigua

Antigua
Je quitte Antigua et me laisse descendre entre les volcans pour rejoindre la "Carretera del litoral". Cette route parallèle à la panaméricaine qui longe la côte pacifique jusqu’au Nicaragua va me permettre de retrouver du plat et d’éviter les capitales du Guatemala, de El Salvador et du Honduras.

Volcan Acatenango

Escuintla
Dernières images du Guatemala

Je passe sans problèmes la frontière de El Salvador. Je découvre ce pays qui a si mauvaise réputation. C’est plat, il y a une large "bande d’arrêt d’urgence" qui est utilisée par les nombreux locaux à vélo. Le soleil est bien ancré dans le ciel, mais la route est souvent ombragée par des cocotiers. Les épiceries qui s’appellent ici des "refresceria" sont suffisamment présentes pour ne pas se soucier de l’eau et de la nourriture. Bref, rouler dans les paysages tropicaux de El Salvador serait vraiment agréable si il n’y avait pas cette ambiance "pesante".  Sur mon passage, j’entends très souvent des "gringos" plutôt agressifs, parfois des insultes (en espagnol ou en mauvais anglais), quelques menaces même. Les regards sont noirs, arrogants et les gens ne sont pas des plus accueillants.
Arrivée à El Salvador
A l’approche de la frontière du Honduras,  je me fais même "chasser" d’un comedor (petit restaurant de rue) ou je voulais acheter des tortillas. Un homme, machette à la main me dit : "salut gringo ! Ou tu vas ?" je lui réponds : "Bonjour, je vais au Honduras." Il rétorque :"C’est par la, va-t’en!" Je le regarde étonné, il se lève, le regard menaçant, lève la machette en l’air et crie: "va-t’en, tout de suite!" (Je vous passe les insultes). Je remonte sur mon vélo et m’en vais. Avec cette ambiance plutôt désagréable, je ne fais pas grand-chose d’autre de mes journées que du vélo. S’ajoute à cela la difficulté de trouver un endroit pour mettre ma tente, les journées de vélo s’allongent et deviennent un exercice d’endurance. J’aurais quand même quelques échanges sympas avec des routiers et ce livreur de lait qui m’en apprend un peu plus sur ce pays, la pauvreté et la difficulté de s’en sortir quand on a rien.
El Salvador - La carretera del litoral

Je passe seulement une journée au Honduras. Je dois traverser la petite partie Sud du pays pour arriver au Nicaragua. Les paysages ont changés, c’est plus sauvage, parfois  désertique même. La pauvreté monte encore d’un cran, je ne vois plus beaucoup  de maisons en dur, elles sont souvent faites de bric broc. Les conditions de route se dégradent, plus de bande d’arrêt d’urgence, les nids de poules se transforment en nids de dinosaures. Je dois faire attention ou je mets la roue  sous peine d’y laisser une jante. L’ambiance aussi se dégrade : j’entends des ‘’gringos’’ systématiquement, les insultes deviennent fréquentes et les menaces aussi. Pour le coup ça commence à devenir plutôt dangereux, je me sens de moins en moins à l’aise.


Choluteca

La traversée de la Ville de Choluteca n’améliore pas les choses. Pour planter le décor : ville animée, beaucoup de monde, je vois des hommes s’échanger des armes à feu dans la rue, seuls les axes principaux sont goudronnés, la plus grande partie des rues de la ville sont en terre battue caillouteuse et poussiéreuse. Comme dans tous les pays d’Amérique centrale. Les épiceries sont barricadées, des agents de sécurité armés gardent le moindre endroit où il y a de l’argent: les banques, stations essence, certains hôtels, etc...  Je pense traverser cette ville sans problèmes, mais il y a un changement de direction et pas de panneau. Du coup, je dois tourner un peu pour m’y retrouver. Quand je demande mon chemin, encore une fois on me dit: "Tu peux récupérer la route par ici, mais il y a beaucoup de délinquants, passe plutôt par la…". Il y a de quoi devenir paranoïaque… Je m’engage dans les petites rues, un homme me suis en vélo, revolver à la ceinture et me dit: "Hey gringo! Ou tu vas ? Qu’est ce que tu cherches ? T’as rien à faire ici…" Je continue sans m’arrêter Quand je récupère la bonne route, juste à la sortie de la ville. Deux jeunes traversent la route, et me voyant au loin, s’arrêtent au milieu de la chaussée, lèvent leur machettes en l’air et m’insultent ; juste par plaisir. Je les contourne et ne m'arreterais qu'a la frontière 40 kilomètres plus loin.
Honduras - Entre Choluteca et la fontière avec le Nicaragua
Le passage de frontière du Nicaragua est un peu comme une délivrance. Dès les premiers kilomètres, tout semble bien plus tranquille, les insultes ont cessées, je reçois même quelques sourires et des bonjours. Pourtant, la pauvreté est ici aussi bien présente et la vie semble aussi difficile que dans les pays voisins.
En route pour découvrir le Nicaragua...

Vue sur le Volcan San Christobal (1745m, en activité légère)

Les campagnes du Nicaragua
Ces interminables journées de vélo sous les insultes et avec ce climat d'insécurité m’ont épuisés, physiquement mais surtout moralement. Je ne pense plus qu’à une chose, rejoindre la ville de Léon pour prendre du repos. Je décide d’y rester autant de temps que nécessaire pour récupérer et me changer les idées.
Léon

J'ai vraiment cru que j'allais tirer mes pneus jusqu'au bout. 1er (et dernier) signe de faiblasse après 34 882km de bons et loyaux services

Les magasins de vélo de Léon
La ville de Léon bien connue pour son architecture coloniale a un charme fou. Elle reste authentique, pas encore envahie par les Mac Donalds, Burger King et autres Starbucks. Les façades défraichies aux couleurs vives, des marchés dans tous les coins.et un centre-ville à taille humaine qui permet de se déplacer facilement à pied. Voila qui est parfait pour quelques jours de repos.
Léon

Léon - une de dizaine d'église de la ville

Léon
L’auberge de jeunesse dans laquelle je réside organise comme beaucoup, des sorties dans les volcans alentours. A la différence prêt que la descente se fait en luge ! C’est pas banal et plutôt sympa.
Vue  sommet du Volcan Cerro Negro


Ah ouais... faut descendre ça en luge...Vous voyez le camion en bas? il est tout petit hein?
Youhou!
Je remonte ensuite sur le vélo pour me rendre à la plage de ‘’Las Penitas’’  à 30 kilomètres à peine. Il y a une plage certes, mais c’est avant tout un tranquille village de pécheurs. Les rares hôtels ou auberges sont familiales et les locaux sont sympathiques. C’est l’occasion de m’essayer au surf. L’endroit est idéal pour les débutants. Les vagues sont de petites tailles, la plage déserte et les prix défient toute concurrence. Après deux heures de cours et des heures à patauger dans l’eau par moi-même. Je dois me rendre à l’évidence… Je suis mauvais! Je devrais encore beaucoup pratiquer  avant de vraiment commencer à prendre du plaisir. Pour le moment, le fait de nager des heures et louper la vague de très peu à chaque fois me fait perdre patience.
Le village de Las Penitas

Las Penitas - Partie de volley avec les locaux

Las Penitas - Coucher de soleil sur l'océan pacifique
Je reprends ensuite la route direction Granada, bien reposé et la tête vidée. C’est pas une surprise, la route est plate et monotone, mais les quelques vues sur les volcans environnants sont toujours impressionnantes. Jusqu’à présent, pour des raisons de sécurité, j’avais pris soin d’éviter les capitales des pays d’Amérique Centrale. Cependant éviter Managua, la capitale du Nicaragua, sans faire de gros détours est difficile. Je n’ai donc peu d’autres possibilités que d’y passer. La ville n’a rien de très attractif, je la traverse en m’arrêtant le moins possible. J’essaie surtout de ne pas me perdre pour ne pas arriver par mégarde dans des quartiers peu recommandables. Comme Il n’y a pas de panneaux, je dois demander mon chemin plusieurs fois , et comme à l’habitude, on me parle de danger, de vols et d’agressions... ça devient désespérant !
Entre Leon et Managua - le Volcan Momotombo
J'arrive à Granada ville coloniale à deux facettes : le centre ville touristique très (trop?) propre et rénové et le reste de la ville bien plus typique.  En attendant le ferry qui va m’emmener sur l’ile de Omotepe, j’ai le temps de me balader dans la ville.

Le marché de Granada

Granada - parc central

Les rues de Granada

A bientôt